Obligations et Sunnahs

Types de prosternation d’oubli

Les différents types de « Sujûd as-Sahw » (Sajdat al-sahw) : Prosternations de l’oubli dans la prière islamique

L’islam, en tant que système de croyance et de pratique spirituelle, accorde une grande importance à la prière (Salât). La prière est un moment de dévotion où le croyant établit un lien direct avec Dieu, l’implorant, l’adorant et lui rendant grâce. En raison de l’importance capitale de la prière, elle doit être exécutée de manière précise, en respectant des étapes spécifiques. Cependant, en raison de la nature humaine, il est possible que des erreurs se produisent, notamment des oublis pendant la prière. C’est là que le concept de « Sujûd as-Sahw » ou prosternation de l’oubli entre en jeu. Cet article explore en profondeur les types de Sujûd as-Sahw, leurs causes et les règles qui les régissent.

Définition et importance de Sujûd as-Sahw

Le terme « Sujûd as-Sahw » signifie littéralement « prosternation de l’oubli ». Il fait référence à deux prosternations effectuées à la fin de la prière pour corriger certaines erreurs ou oublis involontaires qui pourraient survenir pendant l’exécution des rites de prière. Ces erreurs peuvent concerner des ajouts, des omissions ou des doutes dans les actes de la prière.

L’importance du Sujûd as-Sahw réside dans la miséricorde d’Allah, qui offre un moyen au croyant de rectifier les erreurs commises pendant la prière, afin que cette dernière reste valide. En effet, l’erreur humaine étant inévitable, la prosternation de l’oubli permet de compléter les manquements dans la prière, tout en préservant la qualité spirituelle de cet acte d’adoration.

Causes du Sujûd as-Sahw

Les situations qui nécessitent Sujûd as-Sahw peuvent être classées en trois grandes catégories : les ajouts, les omissions et les doutes. Voici une explication détaillée de chacune de ces catégories.

1. Ajouts dans la prière (Ziyâdah)

Un ajout dans la prière signifie que le croyant a effectué un acte de prière qui ne faisait pas partie de la Salât initiale, soit en effectuant une unité supplémentaire (rak’a), soit en répétant un acte déjà accompli. Il est important de noter que ces ajouts ne sont pas intentionnels, mais sont plutôt le résultat d’un oubli ou d’une confusion. Voici quelques exemples :

  • Ajouter une Rak’a supplémentaire : Si une personne prie cinq rak’at lors d’une prière de quatre rak’at, ou quatre lors d’une prière de trois, elle doit accomplir Sujûd as-Sahw pour corriger cet ajout.
  • Ajouter des gestes de prière : Si une personne se prosterne ou se relève une fois de plus que nécessaire pendant la prière.

Dans ces situations, la prière reste valide tant que Sujûd as-Sahw est effectué pour rectifier cet ajout non intentionnel.

2. Omissions dans la prière (Nuqsân)

Une omission se produit lorsque l’un des actes essentiels de la prière est oublié. Cela peut inclure des gestes ou des récitations obligatoires. Les omissions qui nécessitent Sujûd as-Sahw comprennent notamment :

  • Oublier une partie essentielle : Si le croyant oublie un pilier (rukn) de la prière, comme l’inclinaison (ruku’), la prosternation (sujûd), ou l’assise entre les prosternations, il doit retourner à cette position et rectifier son oubli en faisant Sujûd as-Sahw.
  • Oublier une obligation (Wâjib) : Cela inclut l’omission de réciter le Tashahhud (témoignage de foi) intermédiaire, ou d’oublier de dire « Sami’a Allahu liman hamidah » après le redressement du ruku’.

Dans le cas d’une omission d’un pilier essentiel, si l’oubli est découvert avant la fin de la prière, le croyant doit revenir à l’acte manquant, compléter la prière, et effectuer Sujûd as-Sahw. Si l’oubli est découvert après avoir terminé la prière, le croyant doit recommencer l’unité manquante et effectuer les prosternations de l’oubli.

3. Doutes concernant la prière (Shakk)

Le doute survient lorsque le croyant n’est pas certain du nombre d’unités (rak’at) qu’il a accomplies ou lorsqu’il doute d’avoir accompli ou omis un acte particulier. Les règles relatives au doute dans la prière varient en fonction de la situation :

  • Si une personne a un doute quant au nombre de rak’at qu’elle a effectuées, elle doit choisir le nombre dont elle est certaine. Par exemple, si elle doute entre trois ou quatre rak’at, elle doit supposer qu’elle a prié trois rak’at, puis compléter la prière et accomplir Sujûd as-Sahw.
  • Si une personne se rappelle après avoir terminé la prière qu’elle a omis un acte obligatoire, elle doit accomplir Sujûd as-Sahw après la prière pour compenser cette omission.

Il est conseillé d’opter pour le nombre inférieur en cas de doute, car cela permet d’éviter l’ajout involontaire d’une rak’a supplémentaire.

Le moment d’accomplir Sujûd as-Sahw

Le Sujûd as-Sahw peut être accompli avant ou après le salut final (Taslim), en fonction de la situation :

  • Avant le Taslim : Si l’erreur concerne une omission ou un doute, Sujûd as-Sahw est généralement effectué avant de clôturer la prière par le Taslim. Après avoir terminé la dernière rak’a et avant de saluer, le croyant se prosterne deux fois, puis récite le Taslim.
  • Après le Taslim : Si l’erreur concerne un ajout dans la prière, le Sujûd as-Sahw est effectué après avoir clôturé la prière par le salut. Une fois le Taslim récité, le croyant se prosterne deux fois, puis récite un nouveau salut.

Ces règles ne sont pas absolues, car certains savants islamiques autorisent que Sujûd as-Sahw soit fait avant ou après le Taslim dans la plupart des cas, tant que les prosternations de l’oubli sont effectivement accomplies.

L’accomplissement de Sujûd as-Sahw

Le processus pour accomplir Sujûd as-Sahw est relativement simple. Voici les étapes à suivre :

  1. À la fin de la prière, si le croyant réalise qu’il a commis une erreur ou un oubli, il doit rester assis après le Tashahhud (le témoignage de foi final).
  2. Le croyant se prosterne deux fois, comme pour les prosternations normales (Sujûd) dans la prière, en récitant « Subhâna Rabbî al-A’lâ » lors de chaque prosternation.
  3. Après les deux prosternations, le croyant récite le Taslim pour terminer la prière, si cela n’a pas été fait avant.

Sujûd as-Sahw dans les différentes écoles juridiques

Il est important de noter que bien que le concept de Sujûd as-Sahw soit universellement accepté par les quatre grandes écoles de jurisprudence islamique (Hanafite, Malikite, Chaféite, Hanbalite), les détails peuvent varier. Certaines écoles adoptent des positions légèrement différentes sur la question de savoir si Sujûd as-Sahw doit être effectué avant ou après le Taslim, ou sur les circonstances spécifiques qui le nécessitent. Il est donc conseillé à chaque croyant de se référer aux avis de savants qualifiés de leur école juridique pour s’assurer de la validité de leurs prières.

Conclusion

Sujûd as-Sahw est une manifestation de la miséricorde divine dans la pratique de la prière islamique, permettant aux croyants de corriger des erreurs involontaires dans leurs prières. Les types d’erreurs qui nécessitent Sujûd as-Sahw sont divers, qu’il s’agisse d’ajouts, d’omissions ou de doutes. L’importance de cet acte réside dans le fait qu’il préserve l’intégrité de la prière et permet au croyant de rectifier ses erreurs sans avoir à recommencer la prière entièrement. Il est essentiel que chaque musulman apprenne et comprenne les règles du Sujûd as-Sahw afin de pratiquer ses prières avec confiance et sérénité.

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