La thalassémie est une maladie génétique héréditaire du sang qui se caractérise par une production insuffisante ou anormale de globules rouges ou d’hémoglobine, la protéine responsable du transport de l’oxygène dans le sang. Cette condition affecte principalement les populations originaires de régions où le paludisme était ou est endémique, telles que la Méditerranée, le Moyen-Orient, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud-Est. Cependant, en raison des migrations, la thalassémie peut aujourd’hui être rencontrée dans le monde entier.
Classification de la thalassémie
Il existe deux types principaux de thalassémie : la thalassémie alpha et la thalassémie bêta. Chacun de ces types est lié à un défaut dans les gènes qui codent pour les chaînes alpha ou bêta de l’hémoglobine.

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Thalassémie Alpha : Ce type survient lorsque les gènes responsables de la production des chaînes alpha de l’hémoglobine sont affectés. Une personne possède normalement quatre gènes pour la chaîne alpha, deux hérités de chaque parent. La gravité de la thalassémie alpha dépend du nombre de gènes affectés :
- Porteur silencieux (1 gène affecté) : Généralement, aucune symptôme n’est observé.
- Thalassémie mineure ou trait alpha-thalassémique (2 gènes affectés) : Peut provoquer une légère anémie.
- Maladie de l’hémoglobine H (3 gènes affectés) : Provoque une anémie modérée à sévère, avec des symptômes comme la fatigue, la faiblesse, et des problèmes de croissance.
- Hydrops fœtal ou thalassémie majeure (4 gènes affectés) : Généralement incompatible avec la vie, ce qui entraîne souvent la mort in utero ou peu de temps après la naissance.
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Thalassémie Bêta : Ce type survient lorsque les gènes responsables de la production des chaînes bêta de l’hémoglobine sont affectés. Chaque personne possède deux gènes pour la chaîne bêta, un de chaque parent. Là encore, la gravité de la maladie dépend du nombre de gènes affectés :
- Thalassémie mineure (ou trait bêta-thalassémique) : Un gène est muté. Les personnes atteintes peuvent présenter une légère anémie ou ne pas avoir de symptômes.
- Thalassémie intermédiaire : Les deux gènes sont altérés, mais la production de chaînes bêta est encore possible. L’anémie est plus sévère que dans la thalassémie mineure, mais moins que dans la thalassémie majeure.
- Thalassémie majeure (ou anémie de Cooley) : Les deux gènes sont gravement altérés, entraînant une absence quasi complète de production de chaînes bêta. Cela provoque une anémie sévère nécessitant des transfusions sanguines régulières et des soins médicaux intensifs.
Symptômes et complications
Les symptômes de la thalassémie varient en fonction du type et de la gravité de la maladie. Les formes les plus légères peuvent être asymptomatiques ou entraîner une légère anémie, tandis que les formes graves peuvent provoquer :
- Anémie sévère : Elle entraîne une fatigue intense, une pâleur, des essoufflements et un retard de croissance chez l’enfant.
- Déformation osseuse : Les os peuvent se déformer en raison de la moelle osseuse qui s’étend pour compenser le manque de globules rouges.
- Splénomégalie : Une hypertrophie de la rate, qui peut devenir palpable et douloureuse.
- Retard de croissance et de développement : Les enfants atteints de thalassémie majeure peuvent avoir des retards de croissance et des difficultés de développement physique et intellectuel.
- Complications cardiaques et hépatiques : L’accumulation de fer due aux transfusions sanguines répétées peut endommager le cœur, le foie et d’autres organes.
Diagnostic
Le diagnostic de la thalassémie repose sur plusieurs tests :
- Hémogramme complet : Pour détecter une anémie et évaluer la taille, la forme et le nombre de globules rouges.
- Électrophorèse de l’hémoglobine : Pour identifier les types d’hémoglobine présents dans le sang.
- Analyse génétique : Pour détecter les mutations spécifiques des gènes responsables des chaînes alpha ou bêta.
Le diagnostic prénatal est possible et recommandé dans les familles à risque élevé, grâce à des tests comme le prélèvement de villosités choriales ou l’amniocentèse.
Traitement
Le traitement de la thalassémie dépend de la gravité de la maladie :
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Thalassémie mineure : Aucun traitement spécifique n’est généralement nécessaire. Un suivi régulier pour surveiller l’anémie peut être suffisant.
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Thalassémie intermédiaire : Peut nécessiter des transfusions sanguines occasionnelles, une supplémentation en acide folique, et parfois un traitement par chélation du fer pour éviter l’accumulation excessive de fer dans l’organisme.
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Thalassémie majeure : Requiert des transfusions sanguines régulières, souvent toutes les 2 à 4 semaines, pour maintenir un taux d’hémoglobine adéquat. La chélation du fer est essentielle pour prévenir les dommages aux organes causés par l’accumulation de fer. Dans certains cas, une greffe de moelle osseuse peut être envisagée comme traitement curatif potentiel, surtout chez les enfants avec un donneur compatible.
Prévention
La prévention de la thalassémie repose principalement sur le conseil génétique et le dépistage prénuptial. Dans les régions où la thalassémie est fréquente, il est recommandé aux couples de se soumettre à des tests de dépistage avant de concevoir un enfant, afin de déterminer s’ils sont porteurs du gène de la thalassémie. Si les deux parents sont porteurs, il existe un risque de 25 % à chaque grossesse que l’enfant soit atteint de thalassémie majeure.
Les techniques de fécondation in vitro avec diagnostic préimplantatoire permettent également de sélectionner des embryons non porteurs du gène de la thalassémie pour implantation, ce qui peut prévenir la transmission de la maladie.
Impact psychologique et social
La thalassémie, en particulier dans ses formes sévères, peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie des patients et de leurs familles. La nécessité de traitements réguliers et de longue durée, les hospitalisations fréquentes, et les complications associées peuvent engendrer du stress, de l’anxiété et des difficultés sociales. Le soutien psychologique et social est donc crucial pour aider les patients et leurs proches à gérer la maladie. De plus, la sensibilisation de la communauté et la lutte contre la stigmatisation sont essentielles pour améliorer l’intégration sociale des personnes atteintes de thalassémie.
Recherche et avenir
La recherche sur la thalassémie est en constante évolution, avec des avancées prometteuses dans les domaines de la thérapie génique et des traitements innovants. La thérapie génique, qui vise à corriger les mutations génétiques responsables de la thalassémie, a montré des résultats encourageants dans les essais cliniques. Bien que ces traitements ne soient pas encore largement disponibles, ils offrent un espoir de guérison pour les patients atteints de