Santé psychologique

Symptômes et causes de la schizophrénie

Le trouble de la schizophrénie (ou foussiam en arabe) est l’un des troubles psychiatriques les plus complexes et les plus mal compris. Il se manifeste par une altération profonde de la pensée, de l’affectivité, de la perception de la réalité et du comportement. La schizophrénie touche environ 1% de la population mondiale, avec une répartition homogène entre hommes et femmes, bien que l’âge de début des symptômes puisse varier. Cet article se propose de détailler les principaux symptômes de la schizophrénie, ainsi que les facteurs étiologiques susceptibles d’expliquer son apparition.

Symptômes de la schizophrénie

Les symptômes de la schizophrénie se divisent généralement en trois grandes catégories : les symptômes positifs, les symptômes négatifs et les symptômes cognitifs.

1. Symptômes positifs

Les symptômes positifs sont des manifestations qui « ajoutent » quelque chose de nouveau au comportement habituel du patient. Ce sont des éléments qui dénotent une rupture avec la réalité et qui se manifestent par :

  • Les hallucinations : Ce sont des perceptions sans réalité externe. Les hallucinations auditives (entendre des voix) sont les plus courantes, mais elles peuvent aussi être visuelles, olfactives ou tactiles. Les voix entendues peuvent critiquer le patient, lui ordonner des actions, ou lui parler de façon à le mettre dans un état de grande confusion ou de peur.

  • Les délires : Il s’agit de croyances fausses et irrationnelles que le patient persiste à défendre malgré les évidences contraires. Les délires peuvent revêtir différentes formes : délire de persécution (croyance que l’on veut nuire au patient), délire de grandeur (croyance d’avoir des pouvoirs exceptionnels ou d’être une personne très importante), ou délire paranoïaque.

  • Le discours désorganisé : Les patients schizophrènes peuvent présenter des troubles du langage, comme une pensée désorganisée, un discours incohérent ou une association de mots sans logique apparente. Cela peut rendre leur communication difficile à comprendre pour les autres.

  • Les comportements désorganisés : Les patients peuvent manifester des comportements étranges, bizarres ou inappropriés dans des contextes sociaux ou professionnels. Cela peut inclure des actions incohérentes, comme des rires soudains, des gestes répétitifs ou des attitudes inadaptées.

2. Symptômes négatifs

Les symptômes négatifs sont associés à une diminution ou à une absence de certaines fonctions, affectant la capacité du patient à mener une vie normale. Ils incluent :

  • Alogie : Réduction de la capacité à parler, d’abord par une pauvreté du discours (réponses courtes ou peu développées), puis parfois par une incapacité à initier une conversation.

  • Avolition : Incapacité à entreprendre des actions ou à prendre des initiatives. Le patient peut paraître apathique, sans motivation pour accomplir des tâches quotidiennes comme se nourrir, se laver ou interagir avec les autres.

  • Anhédonie : Perte d’intérêt pour des activités qui étaient auparavant sources de plaisir. Le patient peut perdre l’envie de participer à des activités sociales, professionnelles ou récréatives.

  • Retrait social : Les patients schizophrènes peuvent se retirer de la vie sociale, se couper de leurs relations avec la famille et les amis. Cette tendance au retrait peut aggraver les symptômes négatifs et isoler encore davantage le patient.

3. Symptômes cognitifs

Les symptômes cognitifs se réfèrent à des troubles de la mémoire, de l’attention et de la prise de décision. Ces symptômes peuvent inclure :

  • Troubles de l’attention et de la concentration : Les patients peuvent éprouver des difficultés à maintenir leur attention pendant des périodes prolongées, ce qui affecte leur capacité à suivre une conversation ou à se concentrer sur une tâche.

  • Mémoire de travail altérée : La mémoire de travail est cruciale pour organiser les pensées et les actions. Les patients schizophrènes peuvent avoir des difficultés à se souvenir de petites informations nécessaires pour résoudre des problèmes ou organiser leur journée.

  • Difficultés d’organisation de la pensée : Ces troubles peuvent rendre difficile la planification et la prise de décisions. Les patients peuvent avoir du mal à enchaîner des idées de manière logique et à accomplir des tâches complexes.

Causes de la schizophrénie

Les causes exactes de la schizophrénie restent encore mal comprises. Cependant, plusieurs facteurs sont susceptibles de jouer un rôle dans son apparition. Ces facteurs sont souvent regroupés en trois grandes catégories : génétiques, environnementaux et neurobiologiques.

1. Facteurs génétiques

Les recherches ont montré qu’il existe une forte composante génétique dans le développement de la schizophrénie. Les individus ayant un parent au premier degré (comme un parent ou un frère/sœur) atteint de schizophrénie ont un risque significativement plus élevé de développer eux-mêmes cette maladie. Le risque est d’environ 10 % pour les personnes ayant un parent proche schizophrène, contre 1 % dans la population générale.

Cependant, la schizophrénie ne semble pas être liée à un seul gène spécifique. Plusieurs gènes, impliqués dans des processus biologiques complexes, pourraient augmenter le risque de la maladie. Les chercheurs ont identifié des gènes associés aux systèmes de neurotransmission, notamment ceux affectant la dopamine, la sérotonine et le glutamate.

2. Facteurs neurobiologiques

Les anomalies cérébrales et les déséquilibres neurochimiques sont considérés comme des facteurs clés dans le développement de la schizophrénie. Les patients schizophrènes présentent souvent des changements dans la structure cérébrale, notamment une réduction du volume des régions cérébrales responsables des fonctions cognitives, telles que le cortex préfrontal. Cette atrophie cérébrale peut expliquer les symptômes cognitifs observés chez les patients schizophrènes.

Le rôle des neurotransmetteurs est également important. L’hypothèse la plus répandue sur la schizophrénie repose sur des perturbations dans le système dopaminergique, avec une hyperactivité de la dopamine dans certaines régions du cerveau, telles que le noyau accumbens, et une hypoactivité dans d’autres zones, comme le cortex préfrontal. Ce déséquilibre est associé à des symptômes positifs (hallucinations et délires) et des symptômes cognitifs (difficultés de pensée et de mémoire).

3. Facteurs environnementaux

Les facteurs environnementaux jouent également un rôle important dans le déclenchement de la schizophrénie, en particulier chez les individus génétiquement prédisposés. Parmi ces facteurs, on retrouve :

  • Le stress : Les événements stressants de la vie, tels que des traumatismes émotionnels, des problèmes familiaux, des abus ou des événements de grande envergure (comme un divorce ou un décès), peuvent déclencher l’apparition des premiers symptômes chez certaines personnes vulnérables.

  • Les infections prénatales : Des études ont suggéré qu’une exposition à certaines infections virales ou bactériennes durant la grossesse pourrait augmenter le risque de schizophrénie chez l’enfant, en raison des effets de l’infection sur le développement du cerveau.

  • La consommation de drogues : L’abus de substances, en particulier le cannabis et les amphétamines, est fortement associé à un risque accru de développer la schizophrénie, surtout chez les individus génétiquement prédisposés. La consommation de drogues peut précipiter l’apparition de symptômes chez les jeunes adultes, notamment chez ceux ayant des antécédents familiaux de schizophrénie.

  • L’accouchement compliqué : Des facteurs obstétricaux, tels que des accouchements prématurés, des hypoxies (manque d’oxygène pendant l’accouchement) ou des complications néonatales, sont également liés à un risque accru de schizophrénie.

Conclusion

La schizophrénie est un trouble complexe qui affecte une personne sur cent dans le monde. Ses symptômes peuvent être dévastateurs, tant pour les patients que pour leurs proches, mais des avancées importantes ont été réalisées dans la compréhension de ses causes et dans le développement de traitements. Bien que la schizophrénie ne puisse être guérie, elle peut être gérée de manière efficace à l’aide de traitements médicamenteux, de thérapies psychosociales et de soutien social. Les progrès en neurobiologie et en génétique offrent de l’espoir pour des traitements plus ciblés à l’avenir. La sensibilisation et l’éducation restent essentielles pour réduire la stigmatisation associée à cette maladie et améliorer la qualité de vie des patients schizophrènes.

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