L’ADDE : Qu’est-ce que c’est ? Symptômes, Causes et Traitements
Introduction
L’acronyme ADDE fait référence à un type spécifique de sécheresse oculaire « Aqueous Deficient Dry Eye », traduit en français comme sécheresse oculaire par déficit aqueux. Il s’agit d’une condition oculaire chronique caractérisée par une insuffisance de production de larmes. Contrairement à d’autres formes de sécheresse oculaire causées par l’évaporation excessive des larmes, l’ADDE résulte principalement d’une diminution de la sécrétion lacrymale. Cette affection peut entraîner une gêne importante, altérant la qualité de vie et nécessitant des approches thérapeutiques adaptées.

1. Physiopathologie et mécanisme du déficit aqueux
Les larmes jouent un rôle essentiel dans la santé oculaire. Elles sont composées de trois couches principales :
- La couche lipidique (couche externe) : produite par les glandes de Meibomius, elle empêche l’évaporation rapide du film lacrymal.
- La couche aqueuse (couche intermédiaire) : produite par les glandes lacrymales principales et accessoires, elle hydrate et nourrit la cornée.
- La couche mucinique (couche interne) : elle assure l’adhérence des larmes à la surface de l’œil.
Dans le cas de l’ADDE, les glandes lacrymales ne produisent pas suffisamment de liquide aqueux, ce qui diminue l’épaisseur du film lacrymal. La cornée et la conjonctive deviennent alors exposées, entraînant une irritation, une inflammation et, dans les cas graves, des lésions oculaires.
2. Les principales causes de l’ADDE
A. Syndrome de Sjögren
Le syndrome de Sjögren est une maladie auto-immune qui affecte principalement les glandes exocrines, telles que les glandes lacrymales et salivaires. Cette pathologie est l’une des causes les plus courantes de sécheresse oculaire par déficit aqueux. Elle se caractérise par :
- Une infiltration lymphocytaire des glandes lacrymales.
- Une réduction progressive de la production de larmes.
- Une association fréquente avec d’autres maladies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde et le lupus érythémateux systémique.
B. Autres maladies systémiques
Certaines pathologies peuvent provoquer un déficit en larmes en altérant le fonctionnement des glandes lacrymales :
- Diabète sucré : l’atteinte nerveuse périphérique peut affecter la stimulation des glandes.
- Sarcoïdose : une infiltration granulomateuse des glandes lacrymales.
- Déficiences nutritionnelles, notamment un manque en vitamine A.
C. L’âge et les changements hormonaux
Avec l’âge, la capacité des glandes lacrymales à produire des larmes diminue naturellement. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les femmes ménopausées en raison des changements hormonaux, notamment une baisse des œstrogènes.
D. Médicaments
Plusieurs classes de médicaments peuvent induire ou aggraver l’ADDE :
- Antihistaminiques.
- Diurétiques.
- Antidépresseurs.
- Bêtabloquants.
- Isotrétinoïne (traitement de l’acné).
E. Facteurs environnementaux et chirurgies oculaires
Les facteurs tels que la pollution, le vent ou l’exposition prolongée aux écrans peuvent aggraver la sécheresse oculaire. De plus, certaines interventions chirurgicales comme la chirurgie réfractive (LASIK) peuvent endommager temporairement les nerfs de la cornée, réduisant la stimulation des glandes lacrymales.
3. Symptômes de l’ADDE
Les personnes atteintes d’ADDE ressentent généralement les symptômes suivants :
- Sensation de brûlure ou de picotement.
- Sensation de corps étranger dans l’œil.
- Rougeur et irritation.
- Fatigue visuelle, en particulier après une lecture prolongée ou un travail sur écran.
- Vision floue intermittente.
- Une intolérance aux lentilles de contact.
- Dans les cas graves : des ulcérations ou lésions cornéennes pouvant affecter la vision.
Il est important de noter que les symptômes s’aggravent souvent dans des environnements secs, climatisés ou lors d’activités nécessitant une attention visuelle intense.
4. Diagnostic
A. Tests cliniques
Le diagnostic de l’ADDE repose sur plusieurs examens réalisés par un ophtalmologiste :
- Test de Schirmer : mesure la quantité de larmes produites en plaçant une bandelette de papier filtre sous la paupière inférieure.
- BUT (Break-Up Time) : évalue la stabilité du film lacrymal.
- Coloration à la fluorescéine : permet de visualiser les lésions cornéennes causées par la sécheresse.
- Osmolarité lacrymale : une osmolarité élevée est un signe de sécheresse oculaire.
B. Outils modernes
Les nouvelles technologies, comme l’imagerie des glandes lacrymales et la microscopie confocale, offrent des informations précieuses sur l’état des glandes lacrymales et des structures oculaires.
5. Traitements de l’ADDE
A. Lubrification oculaire
Les larmes artificielles sont le traitement de première intention. Elles permettent de compenser le déficit en larmes naturelles. Les options disponibles incluent :
- Gouttes hydratantes sans conservateurs pour éviter toute irritation supplémentaire.
- Gels ou pommades pour une application nocturne.
B. Traitement anti-inflammatoire
L’inflammation joue un rôle central dans l’ADDE. Les traitements incluent :
- Ciclosporine topique : un immunomodulateur qui réduit l’inflammation et stimule la production de larmes.
- Corticostéroïdes doux : utilisés en traitement court pour réduire l’inflammation aiguë.
C. Occlusion des points lacrymaux
L’occlusion des points lacrymaux à l’aide de bouchons lacrymaux permet de réduire le drainage des larmes, augmentant ainsi leur rétention à la surface de l’œil.
D. Autres approches thérapeutiques
- Sérum autologue : préparé à partir du sang du patient, ce traitement est riche en facteurs de croissance et en nutriments.
- Lipiflow : traitement physique destiné à améliorer le fonctionnement des glandes lacrymales.
- Hygiène des paupières : recommandée chez les patients présentant une blépharite associée.
E. Modifications du mode de vie
- Hydratation régulière.
- Utilisation d’humidificateurs dans les environnements secs.
- Réduction du temps d’écran.
- Port de lunettes de protection dans les environnements agressifs.
6. Complications possibles
Si l’ADDE n’est pas traitée, elle peut entraîner :
- Des érosions cornéennes.
- Des kératites infectieuses.
- Une diminution permanente de la vision.
Conclusion
L’ADDE ou sécheresse oculaire par déficit aqueux est une pathologie fréquente, particulièrement chez les personnes âgées et celles atteintes de maladies auto-immunes comme le syndrome de Sjögren. Son diagnostic repose sur des tes