La Commission générale pour les divertissements en Arabie Saoudite : Révolution culturelle et impact économique
L’Arabie Saoudite, un pays traditionnellement connu pour sa culture profondément ancrée dans l’islam et ses pratiques conservatrices, connaît depuis quelques années une transformation culturelle majeure. Au cœur de cette métamorphose se trouve la Commission générale pour les divertissements (GEC), une institution publique qui a joué un rôle crucial dans la diversification des loisirs et l’enrichissement de l’offre culturelle du royaume. Ce changement s’inscrit dans un plan plus large, le Vision 2030, initié par le prince héritier Mohammed ben Salmane, visant à moderniser l’économie et la société saoudiennes. Cet article explore l’origine, les objectifs, les réalisations et les défis de cette commission, ainsi que son impact sur la société et l’économie saoudienne.
1. Contexte historique et la naissance de la Commission générale pour les divertissements
Traditionnellement, l’Arabie Saoudite a été perçue comme un bastion de conservatisme religieux, avec une grande partie de la population s’opposant à des formes de divertissement perçues comme contraires aux enseignements de l’islam. Jusqu’à récemment, le pays manquait d’installations publiques pour des événements culturels ou de loisirs comme des concerts, des festivals ou des projections de films. Cependant, en 2016, dans le cadre du projet Vision 2030, le royaume a amorcé une ouverture progressive en matière de divertissements.
La Commission générale pour les divertissements a été créée en 2016, avec pour mission de superviser le développement de l’industrie du divertissement en Arabie Saoudite. Elle a pour objectif de diversifier l’offre culturelle et de stimuler l’économie du pays en encourageant le tourisme, en améliorant l’image internationale de l’Arabie Saoudite et en offrant de nouvelles perspectives aux jeunes générations saoudiennes.
2. Les objectifs de la Commission générale pour les divertissements
Le rôle de la Commission générale pour les divertissements est de réguler, organiser et promouvoir des événements de loisirs et de divertissement à travers le royaume. Ses objectifs sont multiples :
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Diversification de l’économie : L’un des objectifs majeurs de la commission est de réduire la dépendance de l’Arabie Saoudite au pétrole en développant des secteurs non pétroliers comme le tourisme, le cinéma et les sports.
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Modernisation de la culture : Dans un pays où les pratiques culturelles étaient jusqu’alors limitées, la commission cherche à proposer une offre plus moderne, variée et inclusive, tout en respectant les valeurs sociales et religieuses du pays.
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Attraction du tourisme : L’Arabie Saoudite vise à devenir une destination touristique mondiale. En multipliant les événements, festivals et concerts internationaux, le royaume espère attirer des millions de visiteurs chaque année.
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Création d’emplois : En développant l’industrie du divertissement, la commission veut stimuler l’emploi, en particulier parmi les jeunes saoudiens, dans des secteurs comme l’accueil, la production de films, la gestion d’événements, la vente de billets, etc.
3. Les réalisations majeures de la Commission générale pour les divertissements
Depuis sa création, la Commission générale pour les divertissements a permis de nombreux changements significatifs dans le paysage culturel saoudien. Voici quelques-unes de ses réalisations les plus notables :
Le retour du cinéma en Arabie Saoudite
L’un des changements les plus spectaculaires a été la réouverture des salles de cinéma en 2018 après une interdiction qui durait depuis près de 35 ans. Le royaume a permis la construction de plusieurs cinémas modernes dans les principales villes du pays. Ce retour du cinéma a non seulement ravivé l’intérêt pour la culture cinématographique mondiale, mais il a également ouvert la voie à une production locale saoudienne, avec des films saoudiens qui commencent à obtenir une reconnaissance internationale.
Les festivals et concerts internationaux
En 2019, l’Arabie Saoudite a accueilli son tout premier festival de musique, le MDL Beast Festival, qui a attiré des centaines de milliers de spectateurs venus de différents pays. Des artistes internationaux de renom tels que David Guetta, Tiësto et Afrojack ont fait des performances, marquant un tournant dans l’acceptation du divertissement de masse dans le royaume. Ce festival est désormais un événement annuel majeur dans le calendrier saoudien.
La création de zones de divertissement
La Commission a lancé plusieurs projets d’envergure, comme la création de parcs à thème et de zones de loisirs. Le plus ambitieux d’entre eux est le projet Qiddiya, une mégacomplexe de loisirs et de divertissements situé près de Riyad. Ce projet, d’une superficie de plus de 300 kilomètres carrés, comprendra des parcs d’attractions, des stades, des théâtres, des centres commerciaux et des hôtels. Ce développement vise à transformer l’Arabie Saoudite en un véritable centre de divertissement régional.
Le sport et l’e-sport
Le sport, traditionnellement un secteur populaire en Arabie Saoudite, a également connu un développement important grâce à la Commission. Le royaume a accueilli des événements sportifs internationaux, notamment des matchs de la Formule 1, des compétitions de lutte et des tournois de tennis. L’e-sport a également été mis en avant, avec des compétitions mondiales attirant de nombreux jeunes joueurs saoudiens et internationaux.
4. L’impact sur la société saoudienne
L’ouverture du royaume aux divertissements a eu des répercussions profondes sur la société saoudienne. La population, notamment les jeunes, a montré un grand enthousiasme face à ces changements. Les loisirs, autrefois limités, sont désormais plus accessibles, et la jeunesse saoudienne bénéficie de nouvelles formes d’expression culturelle et de divertissement. Ce changement est particulièrement significatif dans un pays où la population est jeune : environ 70 % des Saoudiens ont moins de 30 ans.
D’un autre côté, cette évolution a suscité des débats au sein de la société. Certains partisans du conservatisme estiment que cette modernisation va à l’encontre des traditions et des principes religieux du pays. Toutefois, les autorités saoudiennes ont fait valoir que ces changements sont conformes à une réinterprétation des valeurs islamiques et ont veillé à ce que les événements respectent les normes culturelles et religieuses du royaume.
5. L’impact économique et l’avenir de la Commission générale pour les divertissements
L’un des principaux objectifs de la Commission est de stimuler l’économie du royaume, en particulier en diversifiant ses sources de revenus. Selon une étude menée par McKinsey & Company, l’industrie du divertissement en Arabie Saoudite pourrait générer jusqu’à 20 milliards de dollars par an d’ici 2030. Cela inclut les revenus issus du tourisme, de la vente de billets pour des événements culturels et sportifs, ainsi que la création d’emplois dans les secteurs du divertissement.
La Commission a également fait des efforts pour attirer des investissements étrangers. Des entreprises internationales, notamment dans les secteurs du cinéma, des parcs d’attractions et de l’hôtellerie, ont commencé à s’implanter en Arabie Saoudite, voyant là une opportunité de se développer dans un marché en plein essor. Par exemple, le géant américain AMC Theaters a ouvert ses cinémas en Arabie Saoudite en 2018, tandis que d’autres marques comme Six Flags et Cirque du Soleil ont annoncé leur intention d’ouvrir des sites dans le pays dans les années à venir.
6. Les défis à surmonter
Malgré les progrès réalisés, la Commission générale pour les divertissements fait face à plusieurs défis. D’abord, le royaume doit concilier son ouverture culturelle avec le respect des normes sociales et religieuses. De plus, la concurrence internationale dans le secteur du divertissement est de plus en plus forte, et l’Arabie Saoudite devra constamment innover pour maintenir son attractivité.
Ensuite, la pandémie de COVID-19 a mis à mal l’industrie du divertissement mondiale, y compris en Arabie Saoudite. Les restrictions sanitaires ont entraîné la fermeture de nombreuses installations et l’annulation d’événements majeurs, ce qui a freiné l’essor du secteur. Cependant, le pays semble se redresser rapidement, avec des mesures de soutien aux entreprises locales et un calendrier d’événements ambitieux pour les années à venir.
Conclusion
La Commission générale pour les divertissements en Arabie Saoudite est sans doute l’un des moteurs principaux du changement culturel et économique du royaume. En ouvrant la voie à de nouvelles formes de loisirs et de divertissement, elle contribue à redéfinir l’identité culturelle du pays et à préparer le terrain pour un avenir où l’Arabie Saoudite joue un rôle majeur sur la scène mondiale en matière de culture et de tourisme. Bien que des défis subsistent, les progrès réalisés jusqu’à présent témoignent de la détermination du royaume à moderniser son économie et à offrir à ses citoyens de nouvelles opportunités. Le rôle de la Commission continue d’être essentiel pour l’avenir du pays, et son impact ne fera que croître dans les années à venir.
