Méthodes de lutte contre la Tuta absoluta : une approche intégrée pour la gestion de ce ravageur des cultures de tomate
La Tuta absoluta, également connue sous le nom de moth de la tomate ou teigne de la tomate, est l’un des ravageurs les plus redoutés dans les cultures de tomate à travers le monde. Introduite en Europe au début des années 2000, cette espèce invasive a rapidement traversé les frontières, causant des pertes économiques importantes dans les zones de culture de tomate. La lutte contre la Tuta absoluta représente un défi majeur pour les agriculteurs, mais une approche intégrée et multi-stratégies peut être la clé pour gérer efficacement cette menace.
Biologie et comportement de la Tuta absoluta
Avant de s’attaquer aux méthodes de contrôle, il est essentiel de comprendre le cycle biologique et le comportement de la Tuta absoluta pour mieux cibler les stratégies de gestion. La Tuta absoluta est un lépidoptère dont les larves sont responsables des dégâts sur les plantes de tomate. Le cycle de vie de la teigne de la tomate se divise en plusieurs stades : œuf, larve, nymphe et adulte. Les œufs sont pondus sur les feuilles, les tiges ou les fruits, et les larves qui en émergent creusent des galeries dans les tissus végétaux, provoquant la chute des feuilles, la déformation des fruits et la dépréciation de la qualité des tomates.

La larve est le stade le plus dommageable, car elle se nourrit des tissus de la plante, en particulier des fruits. La teigne peut causer des pertes directes dues à la destruction des fruits et des feuilles, mais également favoriser l’entrée de pathogènes dans la plante, augmentant ainsi le risque d’infections fongiques ou bactériennes. Les adultes, eux, sont de petits papillons qui se déplacent rapidement d’une plante à l’autre, contribuant à la dissémination du ravageur.
Méthodes de lutte contre la Tuta absoluta
Il existe plusieurs méthodes pour lutter contre la Tuta absoluta, et une approche intégrée de gestion des ravageurs (IPM, pour Integrated Pest Management) est recommandée. Cette méthode combine différentes stratégies afin de réduire l’usage de produits chimiques et d’assurer un contrôle durable du ravageur. Parmi les méthodes les plus efficaces, on retrouve la lutte biologique, la lutte chimique, la lutte physique et l’utilisation de techniques culturales.
1. Lutte biologique
La lutte biologique repose sur l’utilisation d’organismes naturels pour contrôler les populations de Tuta absoluta. Elle constitue une alternative écologique aux traitements chimiques, et plusieurs agents de lutte biologique se sont avérés efficaces dans le contrôle de ce ravageur.
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Les parasitoïdes : Parmi les ennemis naturels de la Tuta absoluta, les parasitoïdes, comme Trichogramma spp. et Necremnus spp., ont montré une grande efficacité. Ces insectes pondent leurs œufs dans ceux de la teigne de la tomate, et leurs larves consomment les œufs ou les larves du ravageur. L’introduction de ces parasitoïdes dans les cultures de tomates permet de réduire les populations de la Tuta absoluta de manière significative.
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Les prédateurs : Certains insectes, comme les coccinelles ou les punaises prédateurs, se nourrissent des œufs et des jeunes larves de la Tuta absoluta. Ces prédateurs peuvent être favorisés en introduisant des haies ou des plantes compagnes qui attirent ces insectes bénéfiques dans les champs de tomates.
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Les bactéries et les virus : L’utilisation de microorganismes pathogènes spécifiques, tels que la bactérie Bacillus thuringiensis (Bt) ou le virus Spodoptera frugiperda (SfNPV), peut être utilisée pour traiter les larves de la Tuta. Ces agents pathogènes infectent les larves et les tuent, ce qui aide à contrôler la population du ravageur.
2. Lutte chimique
La lutte chimique est souvent nécessaire lorsque les populations de Tuta absoluta sont trop élevées pour être contrôlées efficacement par des méthodes biologiques seules. Cependant, l’utilisation de produits chimiques doit être réalisée avec précaution pour éviter la résistance du ravageur et minimiser les effets environnementaux.
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Insecticides spécifiques : Il existe des insecticides chimiques conçus pour cibler spécifiquement les ravageurs comme la Tuta absoluta, tout en ayant un impact réduit sur les insectes bénéfiques. Les produits à base de pyréthrinoïdes, de néonicotinoïdes et de spinosad sont souvent utilisés contre la teigne de la tomate. Toutefois, il est crucial d’alterner les types d’insecticides pour éviter le développement de résistance.
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Applications ciblées : La lutte chimique doit être appliquée de manière ciblée, en utilisant des méthodes telles que la pulvérisation sur les zones infestées ou l’utilisation de pièges à phéromones pour attirer les adultes et réduire leur reproduction. Les traitements doivent être effectués à des moments précis du cycle de vie du ravageur, en particulier lors de l’émergence des larves, pour être les plus efficaces.
3. Lutte physique
Les méthodes physiques impliquent l’utilisation de techniques qui perturbent directement le développement et la propagation de la Tuta absoluta. Ces méthodes sont souvent complémentaires aux stratégies biologiques et chimiques.
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Pièges à phéromones : Les pièges à phéromones sont utilisés pour capturer les adultes de Tuta absoluta. Ces pièges émettent des substances chimiques qui imitent les phéromones sexuelles des femelles, attirant ainsi les mâles. Une fois capturés, les adultes ne peuvent plus se reproduire, ce qui réduit la population de ravageurs. Les pièges peuvent être placés à intervalles réguliers dans les champs pour un suivi de l’infestation et un contrôle efficace de la propagation.
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Filets et barrières physiques : L’utilisation de filets et de barrières physiques permet de protéger les cultures en empêchant l’accès des adultes aux plants de tomate. Ces techniques peuvent être particulièrement efficaces dans les serres ou les petites surfaces de culture.
4. Techniques culturales
Les méthodes culturales consistent à adopter des pratiques agricoles qui limitent les conditions favorables au développement de la Tuta absoluta. Elles incluent des techniques comme la rotation des cultures, la gestion de la densité des plantations, et l’utilisation de variétés résistantes.
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Rotation des cultures : La rotation des cultures est une pratique importante pour interrompre le cycle de vie du ravageur. En alternant les cultures de tomates avec d’autres légumes qui ne sont pas sensibles à la Tuta absoluta, on peut réduire les populations de ravageurs et éviter une infestation persistante.
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Sélection de variétés résistantes : Certaines variétés de tomates ont été développées pour résister à la teigne de la tomate. Bien que ces variétés ne garantissent pas une protection totale, elles peuvent réduire les dégâts causés par le ravageur et diminuer le besoin de traitements chimiques.
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Destruction des résidus de culture : Après chaque récolte, il est important de détruire les résidus de culture, notamment les plantes infestées, pour éviter que les larves ou les pupes de Tuta absoluta ne survivent et ne se développent. Cela réduit les risques de réinfestation lors des saisons suivantes.
Conclusion
La lutte contre la Tuta absoluta nécessite une approche intégrée qui combine diverses méthodes de contrôle. La lutte biologique, chimique, physique et les techniques culturales doivent être utilisées de manière complémentaire pour garantir un contrôle efficace et durable du ravageur. Si la gestion de la Tuta absoluta peut sembler complexe, les agriculteurs peuvent tirer parti de stratégies bien coordonnées et adaptées à leurs conditions spécifiques pour réduire les pertes de rendement et améliorer la rentabilité des cultures de tomates. La surveillance constante et l’adoption de pratiques de gestion intégrée restent essentielles pour faire face à ce ravageur en constante expansion.