date

Les mathématiques chez les Babyloniens

Le développement des mathématiques chez les Babyloniens : un héritage fascinant

L’histoire des mathématiques chez les Babyloniens est un voyage fascinant dans les origines de la pensée scientifique et des systèmes numériques qui ont façonné le monde antique. La civilisation babylonienne, qui prospéra dans la région de la Mésopotamie, entre le Tigre et l’Euphrate, est l’une des premières à avoir développé des concepts mathématiques avancés. À travers leurs réalisations, les Babyloniens ont contribué de manière significative aux bases de l’astronomie, de la géométrie, des calculs arithmétiques et de la théorie des nombres. Cet article explore l’évolution des mathématiques babyloniennes, leur impact sur les civilisations ultérieures et l’héritage qu’elles ont laissé dans l’histoire des sciences.

Contexte historique et géographique des Babyloniens

La civilisation babylonienne émerge autour de 1894 av. J.-C., avec la fondation de la ville de Babylone sous la dynastie amorrite. Babylone, située dans l’actuelle Irak, devint rapidement un centre culturel et scientifique majeur du monde antique, attirant des érudits et des savants de toute la région. L’apogée de l’Empire babylonien se situe au 6e siècle av. J.-C., sous le règne de Nabuchodonosor II. Pendant cette période, les Babyloniens ont développé des méthodes mathématiques qui ont profondément influencé les civilisations grecque, romaine et arabe.

Les premières traces de l’activité mathématique babylonienne

Les Babyloniens ont utilisé un système de numération sexagésimale (base 60), qui était radicalement différent de notre système décimal moderne (base 10). Ce système sexagésimal a été utilisé pour une multitude de calculs, allant de l’astronomie à la comptabilité commerciale. Les premières traces de calculs mathématiques dans les civilisations mésopotamiennes remontent aux tablettes d’argile inscrites à partir de 1900 av. J.-C. Ces tablettes montrent que les Babyloniens possédaient déjà une compréhension avancée des principes de l’arithmétique et de la géométrie, bien avant les développements européens du Moyen Âge.

Le système de numération sexagésimal

Le système de numération sexagésimale babylonien repose sur la base 60, une caractéristique qu’il partage avec d’autres civilisations mésopotamiennes, mais qui reste unique dans l’histoire des mathématiques. Contrairement à nos systèmes décimaux ou binaires modernes, qui sont fondés sur la base 10 et la base 2 respectivement, le système sexagésimal était basé sur des unités multiples de 60. Ce système avait l’avantage de diviser 60 en plusieurs facteurs (1, 2, 3, 4, 5, 6, 10, 12, 15, 20, 30), ce qui facilitait les calculs complexes et permettait une grande flexibilité dans le traitement des nombres. Les Babyloniens utilisaient des symboles spécifiques pour représenter les unités et les dizaines, en les combinant de manière à former des nombres jusqu’à 60.

Les résultats de cette base sexagésimale sont encore visibles aujourd’hui dans notre système horaire. Par exemple, une heure est divisée en 60 minutes, et une minute en 60 secondes. Cette structure dérive directement de l’ancienne Mésopotamie et des Babyloniens qui ont conceptualisé l’idée de diviser les heures et le temps selon des multiples de 60.

L’astronomie et les mathématiques babyloniennes

Les mathématiques babyloniennes étaient indissociables de leur avancée en astronomie. En raison de leur grande précision dans l’observation des mouvements célestes, les Babyloniens ont établi des calendriers lunaires et solaires très élaborés, permettant de prédire les éclipses et de mesurer le temps avec une grande précision. Pour ce faire, ils utilisaient des calculs trigonométriques rudimentaires et des tables astronomiques.

Le plus ancien exemple de tables astronomiques babyloniennes que nous ayons découvert date de 400 av. J.-C. Ces tablettes permettent de calculer les mouvements des planètes et des étoiles, et sont un témoignage direct de l’habilité mathématique de cette civilisation. Les Babyloniens utilisaient également des tables de multiplication pour faciliter les calculs liés aux positions des astres. L’une des plus célèbres est la « Table de Plimpton 322 », une tablette d’argile qui contient des séries de pythagoriciennes, autrement dit des triplets de nombres qui satisfont l’équation a2+b2=c2a^2 + b^2 = c^2. Bien que cette tablette ne soit pas liée directement à un théorème développé par Pythagore (qui vivait plus tard), elle démontre une connaissance avancée des propriétés géométriques et arithmétiques.

Les progrès en arithmétique et en algèbre

En matière d’arithmétique, les Babyloniens étaient déjà capables de résoudre des équations quadratiques, une réalisation impressionnante pour l’époque. Les méthodes utilisées par les Babyloniens pour résoudre ces équations étaient basées sur des approximations successives, un processus qui préfigurait les techniques modernes d’algèbre numérique.

Ils utilisaient également des règles pour résoudre des problèmes pratiques tels que le calcul des surfaces, des volumes et des taux d’intérêt. Par exemple, des tablettes montrent qu’ils pouvaient résoudre des problèmes liés à l’agriculture, comme la division des champs ou la mesure des récoltes, et à la comptabilité commerciale. Les mathématiques babyloniennes avaient ainsi une application directe dans la vie quotidienne et étaient intimement liées à l’administration de l’Empire.

L’un des aspects les plus impressionnants de l’arithmétique babylonienne est la multiplication. Les Babyloniens utilisaient une méthode de multiplication basée sur des tables pré-calculées, permettant une rapidité et une précision exceptionnelles. Ces tables étaient organisées de manière à faciliter l’addition et la multiplication par des facteurs, en utilisant un processus qui ressemble au « tableau de multiplication » que nous utilisons aujourd’hui.

La géométrie babylonienne

Les Babyloniens ont également fait d’importantes contributions à la géométrie. Bien qu’ils n’aient pas développé un cadre théorique comme celui des Grecs plus tard, leurs résultats en géométrie étaient remarquablement précis. Par exemple, ils connaissaient déjà la relation entre le diamètre et la circonférence d’un cercle, bien avant que les Grecs ne formalisent ce principe. Leurs calculs sur l’aire des figures géométriques étaient également très avancés. Ils savaient calculer l’aire de triangles, de cercles et de rectangles, et utilisaient des approximations efficaces pour la valeur de π\pi. Leur estimation de π\pi était relativement précise, se rapprochant de la valeur moderne de 3,1416, et était utilisée dans des calculs pratiques pour la construction de bâtiments et d’infrastructures.

Influence et héritage

Les mathématiques babyloniennes ont eu une influence durable sur les civilisations ultérieures. Les Grecs, notamment, ont été fortement influencés par les mathématiques de la Mésopotamie, bien qu’ils aient apporté leurs propres contributions théoriques et formalisées. Par exemple, le théorème de Pythagore, largement utilisé par les Babyloniens avant lui, a été adopté par les Grecs et formalisé dans un cadre géométrique rigoureux.

Plus tard, les mathématiques babyloniennes ont également été transmises à la civilisation islamique, qui a redécouvert et enrichi les savoirs antiques au cours du Moyen Âge. Les savants arabes ont utilisé et amélioré les concepts arithmétiques, algébriques et astronomiques développés par les Babyloniens, contribuant à l’essor de la science dans le monde islamique.

Conclusion

Les mathématiques babyloniennes témoignent de la sophistication intellectuelle et de la capacité d’abstraction des premiers habitants de la Mésopotamie. Leur utilisation du système sexagésimal, leur maîtrise de l’arithmétique, leur compréhension de la géométrie et leurs applications dans l’astronomie et la comptabilité ont marqué une étape fondamentale dans le développement des sciences. Bien que leur approche différait de celle des Grecs ou des Romains, les Babyloniens ont néanmoins posé les bases des sciences mathématiques, laissant un héritage qui influencera les civilisations futures pendant des siècles.

Bouton retour en haut de la page