L’Alfa Romeo Arna : Un Échec de l’Ingénierie et du Design
Dans l’histoire de l’automobile, certains modèles sont rapidement oubliés en raison de leur échec commercial, mais l’Alfa Romeo Arna incarne l’un des échecs les plus notables de la collaboration industrielle entre l’Italie et le Japon. Produite entre 1983 et 1987, l’Arna représente la tentative maladroite de fusionner l’ingénierie japonaise avec le design italien. Toutefois, cette alliance, imposée par le gouvernement italien, a donné naissance à un modèle qui n’a jamais trouvé sa place sur le marché. Cet article explore les raisons de cet échec et l’histoire derrière cette voiture peu connue.

La genèse de l’Alfa Romeo Arna
Le nom « Arna » provient d’une contraction de Alfa Romeo Nissan Autoveicoli, un consortium formé entre les deux constructeurs. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, le gouvernement italien, soucieux de maintenir l’industrie automobile nationale, a incité Alfa Romeo à établir une collaboration avec Nissan. Cette initiative visait à combiner l’ingénierie japonaise réputée pour sa fiabilité et la conception italienne, synonyme d’élégance et de passion. Cependant, au lieu d’un mélange harmonieux, l’Arna symbolise une sorte de compromis malheureux, où ni l’un ni l’autre des aspects n’ont été véritablement réussis.
L’Arna était, en réalité, une version rebadgée de la Nissan Almera N12, également connue sous le nom de Nissan Cherry en Europe. Nissan, bien que disposant d’une solide expertise en matière de construction de véhicules compacts, n’avait pas la réputation de concevoir des voitures particulièrement séduisantes d’un point de vue stylistique. Alfa Romeo, quant à elle, avait pour habitude de créer des véhicules plus esthétiques, mais son partenariat avec Nissan l’a contrainte à accepter des compromis en matière de design.
Un design controversé
L’une des principales raisons pour lesquelles l’Alfa Romeo Arna n’a jamais suscité un grand enthousiasme parmi les acheteurs réside dans son design peu inspiré. Comparée à d’autres voitures compactes de l’époque, comme la Lancia Delta ou la Volkswagen Golf, l’Arna était visuellement moins attrayante. Son profil angulaire et sa face avant peu dynamique, avec des phares rectangulaires encadrant une grille en plastique noir, ne parvenaient pas à séduire le public. Bien que la calandre arbore le célèbre blason d’Alfa Romeo, il était difficile de faire le lien avec l’élégance traditionnelle des modèles de la marque.
De plus, la silhouette de l’Arna, bien qu’étant une berline compacte à cinq portes, ne parvenait pas à capter l’attention. Les Italiens, connaissant bien le marché européen, avaient misé sur un modèle à cinq portes, pensant qu’un modèle trois portes ne serait pas aussi populaire. Pourtant, même le modèle cinq portes n’a pas trouvé sa place, car les consommateurs ne se sont pas laissés convaincre par cette voiture, qui semblait manquer de l’âme qui caractérisait les autres modèles de la marque Alfa Romeo.
Les problèmes techniques et l’échec commercial
Sous son capot, l’Alfa Romeo Arna était équipée d’un moteur à quatre cylindres en ligne (H4) de 1,2 litre, capable de développer une puissance de 63 chevaux. Ce moteur était couplé à une boîte de vitesses manuelle à cinq rapports. Bien que ces spécifications aient pu sembler correctes pour une voiture de petite taille, le véritable problème résidait dans la fiabilité de l’ensemble.
L’un des principaux défis de l’Arna résidait dans ses problèmes électriques récurrents. Ces pannes fréquentes ont déçu de nombreux propriétaires et ont fait douter la clientèle de la fiabilité de cette voiture. Les pannes d’électricité, notamment des problèmes de câblage et d’allumage, ont miné la réputation de la marque et ont conduit à une insatisfaction généralisée des utilisateurs.
Malgré un moteur relativement économique en termes de consommation de carburant — avec une consommation combinée de 8,3 litres pour 100 kilomètres —, les problèmes techniques ont entraîné une baisse des ventes. En 1987, après seulement quatre ans de production, Alfa Romeo a pris la décision de mettre fin à la production de l’Arna, ne voyant pas l’attrait suffisant pour justifier la poursuite de ce projet. Les ventes décevantes de l’Arna ont conduit Alfa Romeo à se concentrer sur des modèles plus rentables, comme l’Alfa Romeo 33, qui a rapidement pris la relève.
La performance de l’Arna
Si l’on se concentre sur les performances du véhicule, l’Alfa Romeo Arna n’était pas particulièrement impressionnante pour son époque. Avec un moteur de 63 chevaux et une vitesse de pointe de 156 km/h, l’Arna n’était ni une voiture de sport ni une voiture rapide. Sa capacité d’accélération de 0 à 100 km/h en 14,7 secondes la plaçait bien derrière la concurrence, notamment face à des modèles comme la Golf qui étaient plus performants.
L’Arna était néanmoins économique à conduire. Elle affichait une consommation urbaine de 9,9 litres pour 100 kilomètres et une consommation sur autoroute de 8,3 litres pour 100 kilomètres. Pour une voiture compacte, ces chiffres étaient relativement bons, mais ils ne compensaient pas les autres défauts du véhicule.
L’héritage de l’Arna
L’Alfa Romeo Arna demeure un modèle presque oublié de l’histoire automobile. Bien qu’il ait été une tentative de collaboration entre deux géants industriels, il n’a pas réussi à convaincre le public. L’échec de ce modèle a marqué la fin de l’aventure commune entre Alfa Romeo et Nissan. Après l’arrêt de la production de l’Arna, Nissan s’est concentré sur le développement de ses propres modèles, tandis qu’Alfa Romeo a, quant à elle, poursuivi sa quête de voitures plus en phase avec son héritage de design et de performance.
Bien que l’Arna ne soit pas un modèle que les passionnés d’automobiles s’empressent de collectionner, elle reste un témoignage des erreurs commises dans le cadre de collaborations forcées et d’une époque où les alliances industrielles ne se traduisaient pas toujours par des succès sur le marché. Le modèle de 1983 à 1987, avec ses caractéristiques de conception peu convaincantes et ses problèmes mécaniques, rappelle que l’histoire de l’automobile n’est pas seulement faite de succès éclatants, mais aussi de tentatives infructueuses.
Conclusion
L’Alfa Romeo Arna est un exemple frappant des erreurs de la badge-engineering et des échecs commerciaux qui surviennent lorsque des collaborations industrielles ne sont pas bien gérées. Bien que ce modèle ait eu ses atouts en termes de conception et de performances économiques, il n’a pas réussi à séduire les consommateurs, en grande partie à cause de ses défauts techniques et de son design peu attrayant. Ce fut un échec, certes, mais un échec qui a marqué l’histoire de l’automobile et nous rappelle que même les plus grandes marques ne sont pas à l’abri des erreurs de jugement.