Réglementation internationale

Le Hedjaz : Pionnier du Suffrage Féminin

L’histoire de l’émancipation des femmes dans le monde islamique est riche et complexe, marquée par des avancées significatives mais aussi par des défis persistants. Parmi les jalons les plus notables de cette histoire se trouve l’octroi du droit de vote aux femmes dans certaines nations musulmanes. L’une des premières nations à accorder ce droit fut le Royaume du Hedjaz, un ancien État situé dans la région de la péninsule arabique, connu aujourd’hui sous le nom d’Arabie saoudite.

L’histoire du Hedjaz est étroitement liée à celle de l’islam, car il abrite les villes saintes de La Mecque et de Médine, deux des lieux les plus sacrés de l’islam. Au début du XXe siècle, la région était sous domination ottomane, mais elle était également le foyer d’un mouvement de réforme islamique connu sous le nom de Wahhabisme, fondé par Mohammed Ibn Abdelwahhab au XVIIIe siècle. Ce mouvement prônait un retour aux principes fondamentaux de l’islam et influençait profondément la société et la politique de la région.

En 1916, le chérif Hussein bin Ali, dirigeant de la Mecque et gardien des lieux saints, lança une révolte contre l’Empire ottoman, aspirant à l’indépendance et à l’établissement d’un califat arabe. Cette révolte, connue sous le nom de Grande Révolte arabe, fut soutenue par le Royaume-Uni, qui y voyait l’opportunité de saper l’influence ottomane dans la région. Parmi les alliés de Hussein figurait son fils, le célèbre Lawrence d’Arabie, ainsi que d’autres chefs tribaux arabes.

À l’issue de la Première Guerre mondiale, les forces arabes menées par Hussein réussirent à établir un royaume indépendant dans la région du Hedjaz, avec Hussein comme roi. Ce royaume, bien que de courte durée, fut pionnier dans plusieurs domaines, notamment en ce qui concerne les droits des femmes.

En 1926, le Royaume du Hedjaz adopta une constitution qui prévoyait le droit de vote pour tous les citoyens adultes, sans distinction de sexe. Cette disposition représentait une avancée notable dans une région où les femmes étaient souvent marginalisées sur le plan politique et social. En accordant le droit de vote aux femmes, le Hedjaz affirmait sa volonté d’instaurer une société plus égalitaire et démocratique, conformément aux principes de l’islam.

Cependant, malgré cette avancée, la réalité politique du Hedjaz restait complexe. En 1924, le roi Hussein proclama le titre de calife, affirmant ainsi sa prétention à diriger l’ensemble du monde musulman. Cependant, cette décision provoqua des tensions avec d’autres puissances musulmanes, notamment l’Empire ottoman et l’Arabie saoudite naissante, dirigée par la famille Al Saoud.

En 1925, l’Arabie saoudite, dirigée par Abdulaziz Al Saoud, le fondateur du royaume moderne, lança une offensive militaire contre le Hedjaz, capturant La Mecque et Médine. Cette campagne aboutit à l’abdication de Hussein et à l’annexion du Hedjaz par l’Arabie saoudite. Le roi Abdulaziz Al Saoud réunit alors le Hedjaz, le Nejd et d’autres régions pour former le royaume d’Arabie saoudite.

Malgré la dissolution du royaume du Hedjaz, l’octroi du droit de vote aux femmes resterait un moment important dans l’histoire de la région. Cependant, après l’annexion par l’Arabie saoudite, les droits des femmes subiraient un recul significatif, en raison de l’application stricte de la loi islamique et des normes sociales conservatrices. Il faudrait attendre plusieurs décennies avant que les droits des femmes ne commencent à être rétablis dans le royaume.

Ainsi, l’histoire du Hedjaz offre un exemple fascinant des défis et des progrès rencontrés par les femmes dans le monde islamique. Alors que cette région fut l’une des premières à accorder le droit de vote aux femmes, elle illustre également les tensions entre tradition et modernité, entre les aspirations démocratiques et les normes sociales conservatrices qui ont marqué l’évolution politique et sociale de la région.

Plus de connaissances

Le Royaume du Hedjaz, également connu sous le nom de Hedjaz, était un État situé dans la région de la péninsule arabique, comprenant notamment les villes saintes de La Mecque et de Médine. Fondé en 1916 à la suite de la Grande Révolte arabe contre l’Empire ottoman, le Hedjaz fut gouverné par le roi Hussein bin Ali, qui aspirait à établir un califat arabe indépendant. Cette révolte fut soutenue par le Royaume-Uni dans le cadre de sa stratégie visant à affaiblir l’influence ottomane dans la région.

Le Hedjaz était un État cosmopolite, abritant des populations de différentes origines ethniques et religieuses. La Mecque et Médine étaient des centres de pèlerinage pour les musulmans du monde entier, attirant des visiteurs de divers horizons. En tant que gardien des lieux saints de l’islam, le Hedjaz jouissait d’une importance symbolique et religieuse considérable dans le monde musulman.

La constitution du Hedjaz, promulguée en 1926, représentait un jalon dans l’histoire politique de la région. En accordant le droit de vote aux femmes, le royaume affirmait son engagement en faveur de l’égalité des sexes et de la participation politique. Cette disposition était remarquable à une époque où les droits des femmes étaient souvent négligés dans de nombreuses sociétés, y compris dans le monde musulman.

Cependant, l’histoire politique du Hedjaz fut marquée par des conflits et des rivalités, notamment avec l’Empire ottoman et les puissances voisines. En 1924, le roi Hussein proclama le titre de calife, revendiquant ainsi son leadership sur l’ensemble du monde musulman. Cette décision provoqua des tensions avec d’autres prétendants au califat, notamment l’Empire ottoman et l’Arabie saoudite émergente.

En 1925, l’Arabie saoudite, dirigée par Abdulaziz Al Saoud, lança une campagne militaire contre le Hedjaz, aboutissant à l’annexion de La Mecque et de Médine. Cette victoire marqua la fin du royaume du Hedjaz et son intégration dans le nouvel État saoudien. Abdulaziz Al Saoud réunit alors le Hedjaz, le Nejd et d’autres territoires pour former le royaume d’Arabie saoudite.

Après l’annexion par l’Arabie saoudite, les droits des femmes au Hedjaz subirent un recul significatif en raison de l’application stricte de la loi islamique et des normes sociales conservatrices. Il faudrait attendre plusieurs décennies avant que les droits des femmes ne commencent à être rétablis dans le royaume.

Ainsi, l’histoire du Hedjaz offre un éclairage sur les défis et les avancées rencontrés par les femmes dans le monde islamique. Alors que le royaume fut l’un des premiers à accorder le droit de vote aux femmes, son histoire illustre également les tensions entre modernité et tradition, entre aspirations démocratiques et contraintes sociales et politiques qui ont façonné l’évolution de la région.

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