La problématique de la pauvreté en Jordanie : Un défi socio-économique majeur
La Jordanie, un petit royaume au cœur du Moyen-Orient, est confrontée à des défis socio-économiques majeurs qui affectent profondément ses citoyens. Parmi ces défis, le taux de chômage reste l’un des plus préoccupants, avec des conséquences significatives sur la stabilité économique et sociale du pays. Cet article se penche sur la question de la pauvreté et du chômage en Jordanie, en analysant les facteurs sous-jacents, les conséquences et les stratégies adoptées pour tenter de résoudre ce problème complexe.
1. Une vue d’ensemble du marché de l’emploi en Jordanie
La Jordanie est un pays de taille modeste, avec une population qui dépasse les 10 millions d’habitants. Son économie est caractérisée par une forte dépendance vis-à-vis de l’aide internationale et des ressources extérieures, ce qui limite considérablement la capacité de l’État à générer des emplois durables pour sa population. La situation économique du pays est également affectée par des facteurs externes tels que les conflits dans les pays voisins, le manque de ressources naturelles et l’instabilité politique dans la région. Ces facteurs ont conduit à une situation difficile sur le marché de l’emploi.
2. Les statistiques du chômage : Une réalité préoccupante
Le taux de chômage en Jordanie est l’un des plus élevés de la région. Selon les statistiques officielles, près de 25% de la population active est sans emploi, un chiffre qui a tendance à augmenter parmi les jeunes et les diplômés universitaires. Ce taux de chômage élevé est d’autant plus préoccupant quand on considère la croissance démographique rapide du pays et l’augmentation constante du nombre de jeunes entrant sur le marché du travail chaque année.
Les jeunes diplômés, en particulier, font face à des défis uniques. La qualité de l’enseignement supérieur en Jordanie est généralement bonne, mais le marché du travail n’arrive pas à absorber le nombre croissant de diplômés chaque année. Par conséquent, ces jeunes se retrouvent souvent dans des situations précaires, avec un manque d’opportunités professionnelles adaptées à leur niveau d’éducation.
3. Les causes du chômage en Jordanie
Le chômage en Jordanie n’est pas un phénomène monolithique, et plusieurs facteurs contribuent à cette situation complexe.
a) Une économie peu diversifiée
L’économie jordanienne repose principalement sur quelques secteurs comme les services, le tourisme, l’industrie légère et l’agriculture. Cependant, ces secteurs sont insuffisants pour absorber toute la main-d’œuvre disponible. L’économie ne génère pas assez d’emplois dans des secteurs à forte valeur ajoutée, tels que les technologies de l’information, l’industrie lourde ou la recherche et développement. L’absence de diversification économique constitue donc une des causes profondes du chômage élevé.
b) La dépendance à l’aide internationale
La Jordanie bénéficie d’importantes aides financières provenant de pays occidentaux et de certaines institutions internationales. Cependant, cette dépendance crée une instabilité économique, car le pays reste vulnérable aux fluctuations de ces aides et aux conditions politiques qui y sont associées. Le manque d’industries locales robustes et d’investissement privé limitent les possibilités d’emplois durables pour la population.
c) L’impact de la guerre en Syrie et des réfugiés
Depuis le début de la guerre en Syrie, la Jordanie a accueilli un nombre important de réfugiés. Selon les estimations, plus de 1,3 million de Syriens ont trouvé refuge en Jordanie, ce qui représente environ 20% de la population totale. Cette afflux massif de réfugiés a mis une pression énorme sur les services publics, l’infrastructure et le marché du travail. En conséquence, le chômage a continué d’augmenter, en particulier dans les secteurs les moins qualifiés où les réfugiés cherchent également des opportunités d’emploi. La concurrence accrue sur le marché de l’emploi a fait baisser les salaires et limité les chances d’emploi pour les Jordaniens.
d) L’évasion fiscale et l’économie informelle
Un autre facteur qui contribue au chômage est l’étendue de l’économie informelle en Jordanie. Une grande partie de la population active travaille dans des secteurs non déclarés, ce qui limite les possibilités de création d’emplois formels. Les petites entreprises et les travailleurs indépendants contribuent peu aux cotisations sociales et ne bénéficient pas de protections adéquates. De plus, l’évasion fiscale reste un problème majeur, ce qui empêche l’État de collecter des ressources suffisantes pour investir dans des projets générateurs d’emplois.
4. Conséquences sociales et économiques du chômage
Le chômage en Jordanie n’affecte pas seulement les individus qui peinent à trouver un emploi, mais il a également des répercussions sur l’ensemble de la société. Voici quelques-unes des principales conséquences du chômage élevé dans le pays.
a) La pauvreté
Le chômage est directement lié à la pauvreté. Les personnes sans emploi ou travaillant dans des conditions précaires sont souvent incapables de subvenir à leurs besoins fondamentaux. L’absence de revenu stable et de sécurité sociale entraîne une précarisation des familles, et des secteurs entiers de la population se retrouvent en situation de pauvreté, en particulier les jeunes, les femmes et les personnes issues de milieux défavorisés.
b) La frustration et l’instabilité sociale
Le chômage, en particulier parmi les jeunes, engendre de la frustration. Un grand nombre de jeunes diplômés, souvent issus de milieux urbains, se retrouvent sans perspectives d’avenir. Cela peut mener à des tensions sociales et à un sentiment d’injustice. L’absence de perspectives d’emploi incite certains à se tourner vers des comportements déviants ou à quitter le pays pour chercher de meilleures opportunités ailleurs. Ce phénomène a exacerbé l’émigration, en particulier vers les pays du Golfe, où des emplois dans des secteurs variés sont plus accessibles.
c) La montée des inégalités
Le chômage a également des répercussions sur les inégalités économiques et sociales. Les groupes les plus vulnérables, notamment les femmes et les jeunes, sont les plus touchés par le chômage. De plus, dans un contexte de forte compétition pour un nombre limité d’emplois, les inégalités entre les régions du pays se creusent. Les zones urbaines, en particulier Amman, bénéficient davantage d’opportunités économiques que les zones rurales, ce qui renforce le déséquilibre socio-économique.
5. Les réponses et politiques gouvernementales
Le gouvernement jordanien a mis en place plusieurs mesures pour lutter contre le chômage, mais les résultats restent mitigés. Voici quelques-unes des principales initiatives prises pour tenter d’endiguer le chômage.
a) Le développement des compétences et la formation professionnelle
La Jordanie a investi dans l’amélioration de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle. De nombreuses initiatives ont été lancées pour adapter les compétences des jeunes aux exigences du marché du travail. Toutefois, ces efforts se heurtent à des obstacles structurels, notamment le manque de liens entre les institutions académiques et le secteur privé, ainsi que l’absence de formation adaptée à la demande du marché.
b) La stimulation de l’entrepreneuriat
Pour encourager la création d’emplois, le gouvernement a promu l’entrepreneuriat et les petites entreprises. Des programmes de financement et de soutien à l’entrepreneuriat ont été lancés, mais leur portée reste limitée. Le marché reste encore relativement rigide, et les jeunes entrepreneurs rencontrent souvent des difficultés pour accéder au financement et aux ressources nécessaires pour développer leurs projets.
c) Les réformes fiscales et la lutte contre l’économie informelle
Afin de renforcer les recettes fiscales et d’améliorer l’efficacité de l’économie, des réformes fiscales ont été proposées, en particulier pour intégrer une partie de l’économie informelle. Bien que ces mesures soient essentielles, elles se heurtent à la résistance des secteurs informels et à la lenteur de mise en œuvre des réformes.
6. Perspectives d’avenir et conclusion
La lutte contre le chômage en Jordanie nécessite une approche systémique et une coordination entre les acteurs publics et privés. Les défis sont nombreux, mais il existe des pistes de solutions. La diversification économique, le soutien à l’entrepreneuriat, la révision des politiques de formation et la réduction des inégalités régionales sont autant de priorités qui devront être abordées si le pays veut réduire le taux de chômage et ses impacts sociaux.
Les politiques économiques doivent être axées sur la création d’emplois durables et la valorisation des compétences locales. Une transition vers une économie plus diversifiée et plus résiliente, moins dépendante des ressources extérieures, serait essentielle pour assurer un avenir plus stable pour la Jordanie et ses citoyens.
En définitive, la réduction du chômage en Jordanie est un défi qui nécessite une action concertée et une volonté politique forte pour engager le pays sur la voie du développement durable et de la prospérité pour tous.