Pourquoi pleurons-nous lors des éclats de rire et en découpant des oignons ?
Le phénomène de pleurer sous l’effet du rire intense ou en coupant des oignons est une expérience commune, mais qui suscite des interrogations. Bien que ces deux situations semblent distinctes, elles reposent sur des mécanismes biologiques et physiologiques fascinants, qui nous permettent de mieux comprendre les subtilités de notre corps et de ses réactions émotionnelles ou physiques.
L’origine des larmes
Les larmes, qu’elles soient déclenchées par une émotion forte ou par un stimulus physique, proviennent de la même source : les glandes lacrymales. Ces glandes, situées sous les sourcils et au-dessus des paupières, produisent le liquide lacrymal, une substance composée principalement d’eau, de sels et de protéines. Cependant, les raisons pour lesquelles ce liquide est sécrété varient en fonction du stimulus en question. Comprendre les raisons qui sous-tendent ces larmes nous permet de mieux saisir les mécanismes impliqués.
Les larmes émotionnelles : Rire jusqu’aux larmes
Lorsque nous rions de façon incontrôlable, une série de réactions physiques et émotionnelles se déclenche dans notre corps. Le rire intense, en particulier lorsqu’il est prolongé, peut perturber notre équilibre émotionnel et provoquer une surcharge sensorielle. Cette surcharge est interprétée par notre cerveau comme un besoin de libération, ce qui conduit à une réaction physiologique. Le rire intense mobilise plusieurs muscles du visage, notamment les muscles autour des yeux et de la bouche. Cette activité physique affecte les glandes lacrymales, ce qui entraîne la production de larmes.
Les larmes qui accompagnent le rire sont généralement qualifiées de « larmes émotionnelles ». En effet, elles sont déclenchées par une réponse émotionnelle au plaisir ou à la surprise. Elles peuvent être aussi le résultat d’un sentiment de soulagement ou d’une intense libération d’émotions accumulées. Les chercheurs ont suggéré que ces larmes pourraient également jouer un rôle social, en indiquant aux autres qu’une situation joyeuse ou agréable a atteint son paroxysme. Dans ce contexte, pleurer en riant pourrait être perçu comme un moyen pour le cerveau de se rééquilibrer après une stimulation émotionnelle extrême.
Les larmes réflexes : L’irritation causée par les oignons
Coupant un oignon, une personne se trouve souvent confrontée à une situation similaire mais causée par un mécanisme totalement différent. Lorsque les cellules de l’oignon sont coupées, elles libèrent un gaz volatile appelé propenthial S-oxide, qui est un agent chimique irritant pour les yeux. Ce gaz se dissout dans l’eau des larmes et forme un acide sulfurique très faible, irritant la surface des yeux, ce qui stimule la production de larmes en réponse à cette irritation.
Les glandes lacrymales réagissent en produisant des larmes pour tenter de diluer et d’éliminer cette substance chimique irritante. Ce phénomène est un mécanisme de défense du corps pour protéger les yeux de l’irritation. C’est une réponse réflexe, involontaire, qui ne dépend pas d’une émotion spécifique mais d’un stimulus physique – en l’occurrence, la réaction du corps à une substance chimique étrangère.
Le phénomène des larmes provoquées par les oignons est donc lié à la réponse naturelle de l’organisme face à une agression chimique. Cependant, ce processus peut être amplifié chez certaines personnes, en fonction de la sensibilité de leurs yeux ou de la quantité de gaz libérée par l’oignon coupé.
Les différences entre les larmes émotionnelles et les larmes réflexes
Bien que dans les deux cas des larmes soient produites, la cause sous-jacente de cette production est très différente. Les larmes émotionnelles, celles que nous versons en riant, sont liées à un état psychologique ou émotionnel, alors que les larmes réflexes sont une réponse à une stimulation physique ou chimique.
Les larmes émotionnelles jouent souvent un rôle important dans la gestion des émotions. Elles permettent de réduire le stress et d’évacuer les tensions accumulées, favorisant ainsi un état de bien-être. De plus, des études ont montré que les larmes émotionnelles peuvent également contenir des hormones du stress, comme le cortisol, ce qui pourrait expliquer pourquoi les gens se sentent parfois soulagés après avoir pleuré.
En revanche, les larmes réflexes n’ont pas de rôle émotionnel direct. Leur fonction principale est de protéger les yeux et de maintenir leur bon fonctionnement. Elles sont produites pour expulser des irritants et rétablir un équilibre physiologique.
Les réactions physiologiques sous-jacentes
Les éclats de rire provoquent une activation du système nerveux sympathique, celui responsable des réactions « de fuite ou de lutte » face à un danger. Cette activation induit une série de changements corporels, tels qu’une accélération du rythme cardiaque et de la respiration, ainsi que des modifications de la pression sanguine. Parallèlement à cela, les muscles faciaux sont sollicités de manière excessive, ce qui peut perturber l’équilibre normal des fluides corporels et activer la production de larmes.
Dans le cas des oignons, la stimulation chimique induit une activation du système nerveux parasympathique, qui régule des fonctions telles que la production de salive et la sécrétion de larmes. Cette activation est spécifique à une réaction de protection des yeux, permettant d’éliminer rapidement la substance irritante.
Conclusion
Ainsi, que ce soit en raison d’un rire incontrôlable ou de l’irritation provoquée par les oignons, les larmes sont le produit d’une série de mécanismes complexes, qu’ils soient émotionnels ou réflexes. Dans le premier cas, elles traduisent un débordement émotionnel, tandis que dans le second, elles font partie d’un processus de défense du corps. Ces deux réactions nous rappellent l’interconnexion entre notre corps et notre environnement, et comment il réagit pour préserver notre équilibre, qu’il soit mental ou physique.
