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Histoire de la Danse Orientale

Le danse orientale, communément appelé danse du ventre en français, est un art millénaire aux origines mystérieuses et multiples qui s’est développé principalement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il incarne une fusion de mouvements gracieux et expressifs, caractérisés par des ondulations du torse, des mouvements des hanches et des bras, des rotations du ventre, et une mise en valeur de la féminité. Cet article explore l’histoire, l’évolution, et l’importance culturelle du danse orientale.

Origines et histoire ancienne

Les origines exactes de la danse orientale sont difficiles à retracer, en grande partie parce qu’il s’agit d’une tradition orale et visuelle, transmise de génération en génération. Toutefois, de nombreux historiens estiment que ses racines remontent à plusieurs milliers d’années, voire à l’Antiquité. Les civilisations anciennes telles que l’Égypte, la Mésopotamie, la Grèce et l’Inde ont toutes des formes de danse sacrée ou rituelle, où des mouvements similaires à ceux de la danse orientale moderne sont observés.

En Égypte ancienne, la danse avait une place importante dans les rites religieux, les cérémonies et les festivités. Certaines représentations dans les fresques des tombes de Beni Hassan et sur les bas-reliefs des temples montrent des danseuses effectuant des mouvements qui rappellent la danse orientale contemporaine. De même, dans la Grèce antique, les danseuses et les prêtresses pratiquaient des danses rituelles pour honorer leurs déesses, notamment Artémis et Aphrodite. Ces mouvements rythmiques et sensuels étaient souvent associés à la fertilité, à la maternité et aux cycles de la nature.

Évolution à travers le Moyen Âge et l’époque ottomane

Durant le Moyen Âge, avec l’expansion de l’Empire islamique, la danse orientale s’est propagée dans tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. La danse a évolué en se mélangeant avec des traditions locales et régionales. Dans l’empire Ottoman, la danse orientale a prospéré, notamment dans les cours des sultans et des aristocrates, où elle était pratiquée par des danseuses professionnelles appelées « ghawazee » en Égypte ou « çengi » et « köçek » en Turquie.

Les ghawazee étaient connues pour leur style de danse plus audacieux, rythmé par les instruments traditionnels tels que le tambourin, la derbouka, et le qanûn. À cette époque, la danse du ventre commençait à être influencée par les mouvements d’autres styles de danse orientale, tels que le raqs al-assaya (danse du bâton) et le raqs al-shamadan (danse du candélabre), qui apportaient un aspect visuel et théâtral supplémentaire.

L’introduction en Occident et la vision coloniale

Le début du XIXe siècle marque un tournant important pour la danse orientale, lorsque les voyageurs occidentaux et les artistes européens ont commencé à visiter le Moyen-Orient, notamment l’Égypte et la Turquie, et ont été fascinés par cette danse. La vision occidentale de la danse orientale a été teintée d’exotisme et souvent de connotations érotiques, influencée par le mouvement orientaliste en littérature et en peinture. Lors de l’Exposition universelle de 1893 à Chicago, la danse orientale a été présentée au public américain sous le nom de « danse du ventre » (belly dance), une appellation qui simplifiait et sexualisait cet art complexe et profondément culturel.

Des artistes comme Little Egypt ont popularisé cette danse aux États-Unis, mais cette popularité était souvent empreinte de malentendus culturels et de stéréotypes. Cette période a donc été marquée par une transformation de la danse orientale en une performance de cabaret, souvent adaptée pour répondre aux attentes et aux fantasmes occidentaux, éloignant parfois la danse de ses racines culturelles profondes.

La Renaissance de la danse orientale au XXe siècle

Le XXe siècle a vu une revitalisation de la danse orientale dans son pays d’origine et dans le monde entier. Au Moyen-Orient, notamment en Égypte, la danse orientale a retrouvé ses lettres de noblesse grâce à des danseuses emblématiques telles que Tahya Carioca, Samia Gamal, Naima Akef, et plus tard Fifi Abdou et Nagwa Fouad, qui ont modernisé la danse tout en préservant ses éléments traditionnels. Ces artistes ont intégré des éléments de ballet et de danse de salon pour donner à la danse orientale une nouvelle dimension plus sophistiquée et plus scénographique.

Le cinéma égyptien, surtout dans les années 1940 à 1970, a joué un rôle crucial dans la popularisation et la transformation de la danse orientale en Égypte et dans l’ensemble du monde arabe. Les films mettant en scène des danseuses célèbres ont contribué à la standardisation de la danse, en créant une image emblématique et glamour associée à l’Égypte.

La danse orientale dans le monde contemporain

Aujourd’hui, la danse orientale est pratiquée et enseignée dans le monde entier. Elle est appréciée non seulement comme une forme d’expression artistique, mais aussi comme un exercice de bien-être, de renforcement musculaire et de conscience corporelle. De nombreux styles et variantes ont émergé, allant du raqs sharqi classique (danse orientale égyptienne traditionnelle) aux fusions modernes qui intègrent des éléments de flamenco, de hip-hop, de danse contemporaine, et même de danse tribale.

Le renouveau de la danse orientale est également marqué par une revendication de son identité et de sa diversité culturelle par les danseuses du monde arabe et d’ailleurs. Elles cherchent à rétablir cette danse dans son contexte culturel et spirituel original, tout en l’ouvrant à de nouvelles interprétations et expérimentations.

Importance culturelle et symbolique

La danse orientale n’est pas seulement une performance artistique; elle représente un patrimoine culturel riche et varié. Dans de nombreuses cultures du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, elle est perçue comme une forme d’expression de la féminité, de la joie, et même de la résistance. La danse orientale est souvent associée à des célébrations telles que les mariages, les fêtes religieuses, et d’autres rites de passage, où elle joue un rôle central dans la communauté.

Cependant, la perception de la danse orientale varie considérablement dans la société contemporaine, allant de l’acceptation et de la valorisation en tant que forme d’art légitime, à la critique et à la marginalisation en raison de l’influence de normes sociales et religieuses.

Conclusion

La danse orientale, avec son histoire complexe et sa capacité d’adaptation, continue d’évoluer tout en préservant son essence. Cet art, qui s’enracine dans la culture et les traditions du Moyen-Orient, transcende les frontières et inspire des personnes de tous horizons. Elle rappelle l’importance de la danse comme moyen d’expression humaine universel et comme reflet des dynamiques culturelles, sociales, et historiques d’une région riche de diversité.

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