Santé psychologique

Gérer le deuil post-pandémique

Phase post-pandémique : gérer le deuil et la perte

La pandémie de COVID-19 a laissé une empreinte indélébile sur le monde entier, non seulement à cause de ses conséquences sanitaires, mais aussi en raison de son impact profond sur le bien-être psychologique des individus. Si la crise sanitaire a provoqué des vagues de malades et de décès, elle a aussi été le catalyseur d’une série de souffrances émotionnelles et psychologiques auxquelles de nombreuses personnes ont dû faire face. Le deuil et la perte, qu’ils soient liés à la disparition d’un proche ou à des événements perturbateurs dans la vie, tels que la perte d’un emploi, ont été exacerbés par l’isolement et les restrictions imposées. À mesure que le monde entre dans une phase post-pandémique, il devient crucial de comprendre comment gérer ces sentiments de perte, non seulement sur le plan personnel, mais aussi à l’échelle communautaire et sociétale.

La pandémie comme accélérateur de la souffrance

La pandémie a multiplié les occasions de perte. La perte d’un proche, d’un emploi, d’une stabilité financière ou même d’un mode de vie préexistant ont été des réalités vécues par des millions de personnes. Cette situation a placé de nombreux individus dans une position de vulnérabilité émotionnelle, les amenant à faire face à un sentiment de solitude accablant. Par ailleurs, la manière dont ces pertes ont été vécues a été exacerbée par l’isolement social, les limitations des funérailles et des cérémonies de deuil, ainsi que l’absence de contacts humains en période de confinement. Cela a créé un climat propice à la détresse psychologique, avec un nombre croissant de personnes souffrant de dépression, d’anxiété, et d’autres troubles liés au stress post-traumatique.

Le deuil, un processus naturel mais douloureux, a été modifié par la pandémie, non seulement par les circonstances particulières qui ont accompagné les décès, mais aussi par l’incapacité de certaines personnes à faire leur deuil de manière traditionnelle. Le manque de rites et de rituels sociaux, qui sont souvent des éléments essentiels pour les personnes en deuil, a empêché la reconnaissance et la gestion de cette souffrance collective et individuelle.

Comprendre le deuil : un processus complexe

Le deuil n’est pas une expérience linéaire ou uniforme. Il varie grandement d’une personne à l’autre en fonction de nombreux facteurs, dont la nature de la perte, les ressources de soutien disponibles, les croyances culturelles, et les mécanismes d’adaptation individuels. Le psychologue Elisabeth Kübler-Ross, dans son ouvrage On Death and Dying (1969), a décrit le deuil comme un processus composé de cinq étapes : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Ces étapes ne sont pas nécessairement vécues dans cet ordre, et certaines personnes peuvent ne pas passer par toutes ces étapes. Cependant, elles offrent une grille de lecture pour comprendre la manière dont le deuil peut évoluer au fil du temps.

  1. Le déni : Le premier mécanisme de défense face à la perte est souvent le déni. Les individus peuvent avoir du mal à accepter la réalité de la perte, tentant de se convaincre qu’il s’agit d’une erreur ou d’un malentendu. Cette phase peut être temporaire, mais elle offre un espace de protection psychologique immédiate.

  2. La colère : Cette phase peut surgir lorsqu’il devient évident que la perte est réelle et irréversible. Les personnes endeuillées peuvent ressentir de la frustration, de l’injustice et de la colère, non seulement envers les circonstances, mais parfois aussi envers elles-mêmes ou envers d’autres personnes.

  3. Le marchandage : Dans cette phase, certaines personnes cherchent à trouver des moyens pour inverser la situation, se tournant vers des rituels ou des croyances religieuses dans l’espoir d’amener un changement. Cela peut prendre la forme de prières, de promesses ou de pactes imaginaires.

  4. La dépression : Lors de la confrontation à la réalité de la perte, de nombreux individus expérimentent une tristesse profonde, une perte de sens et parfois un sentiment d’impuissance. La dépression liée au deuil peut être un obstacle majeur à la guérison, car elle entraîne un épuisement émotionnel intense.

  5. L’acceptation : Finalement, avec le temps, certaines personnes parviennent à accepter la perte. Cela ne signifie pas oublier ou minimiser la douleur, mais plutôt intégrer la réalité de la perte dans leur vie quotidienne et apprendre à vivre avec elle de manière plus apaisée.

Le rôle du soutien social dans le processus de deuil

Le soutien social est essentiel pour les personnes en deuil. Pendant la pandémie, les restrictions sociales ont empêché de nombreuses personnes de bénéficier du réconfort traditionnel qu’apportent les amis, la famille et la communauté. Le confinement a amplifié la souffrance de ceux qui étaient déjà en train de traverser une période difficile. Les moyens numériques, tels que les appels vidéo ou les groupes de soutien en ligne, ont partiellement compensé cette absence, mais ils n’ont pas pu remplacer la chaleur physique et la solidarité d’un proche.

La recherche montre que le soutien émotionnel et social peut jouer un rôle déterminant dans la résilience des personnes en deuil. Le simple fait d’être écouté et compris peut aider à réduire le sentiment de solitude et à accélérer le processus de guérison. De plus, l’expression émotionnelle, qu’elle soit verbale ou non verbale (comme l’écriture ou la création artistique), est un moyen puissant pour faire face au deuil et trouver un sens à la perte. Les rituels communautaires, même à distance, peuvent également être une forme de soutien important, permettant aux individus de partager leur peine et d’honorer la mémoire de ceux qu’ils ont perdus.

Comment prendre soin de sa santé mentale après une perte

Dans le contexte de la phase post-pandémique, la gestion du deuil nécessite de l’empathie, de la patience et une approche holistique. Pour ceux qui se trouvent confrontés à une perte, plusieurs stratégies peuvent être mises en place pour favoriser la guérison et préserver la santé mentale :

  1. Accepter la douleur : Le deuil n’est pas un processus que l’on peut contourner. Accepter que la souffrance fasse partie intégrante du processus peut être un premier pas vers la guérison. Cela implique de permettre à soi-même de ressentir la douleur, plutôt que de la nier ou de l’éviter.

  2. Prendre soin de son corps : Le deuil peut affecter le corps autant que l’esprit. Il est essentiel de maintenir des habitudes saines, comme une alimentation équilibrée, de l’exercice physique et un sommeil réparateur. Prendre soin de soi physiquement peut soutenir le processus émotionnel.

  3. Éviter l’isolement : Bien que le besoin d’isolement soit parfois une réaction naturelle au deuil, il est important de maintenir des connexions sociales. Même si cela peut sembler difficile, rester connecté avec les autres peut offrir un soutien précieux et aider à alléger la douleur.

  4. Chercher un soutien professionnel : Il est parfois nécessaire de consulter un thérapeute ou un conseiller spécialisé dans le deuil. Les professionnels peuvent fournir des outils pratiques pour gérer la douleur, le stress et l’anxiété. De plus, ils peuvent aider à naviguer à travers les aspects complexes du deuil, en particulier lorsque la souffrance est prolongée ou particulièrement intense.

  5. Pratiquer la pleine conscience et la méditation : Des techniques comme la pleine conscience (mindfulness) peuvent être utiles pour rester ancré dans le moment présent et éviter les ruminations sur le passé ou l’avenir. Ces pratiques permettent de gérer les émotions négatives en apprenant à les observer sans jugement.

  6. Reconnaître les petites victoires : Chaque étape du processus de deuil est un progrès. Prendre le temps de célébrer les petites victoires, comme être capable de sortir de la maison, de parler de son proche défunt ou d’accepter la perte, peut aider à renforcer la résilience et à redonner un sens à la vie.

La guérison collective et l’avenir après la pandémie

Enfin, au-delà du soutien individuel, il est essentiel de penser au deuil collectif. Le monde entier a perdu, d’une manière ou d’une autre, pendant la pandémie. Nous avons perdu des vies, des économies, des modes de vie. En tant que société, il est important de reconnaître que nous devons nous soutenir les uns les autres pour guérir collectivement. Cela passe par la solidarité, l’empathie et la reconnaissance des souffrances vécues par tous.

Le processus de guérison post-pandémique nécessite également une approche globale, qui inclut le soutien gouvernemental et communautaire, notamment à travers des initiatives de santé publique, des programmes de soutien psychologique et la promotion de la santé mentale. Pour véritablement avancer vers une société plus résiliente, nous devons accepter la nécessité de traiter la douleur du passé tout en regardant vers un avenir plus solidaire et plus humain.

Conclusion

Le deuil et la perte sont des aspects universels de l’expérience humaine, mais la pandémie a exacerbé leur intensité et leur durée. Dans la phase post-pandémique, il devient crucial de prendre soin de sa santé mentale, de chercher du soutien, et de comprendre que la guérison est un processus progressif. La gestion du deuil, aussi bien à l’échelle individuelle que collective, est essentielle pour permettre à chacun de reconstruire sa vie et de trouver un

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