Dislocation congénitale de la hanche chez l’enfant : Comprendre les troubles du développement de l’articulation de la hanche
La dislocation congénitale de la hanche (DCH) est un trouble orthopédique qui touche le développement normal de l’articulation de la hanche chez les nourrissons. C’est une pathologie fréquente et potentiellement grave qui nécessite une prise en charge précoce et appropriée afin de prévenir les complications à long terme, telles que l’arthrose de la hanche ou la boiterie. Bien que le terme « dislocation congénitale » soit couramment utilisé, il est désormais reconnu que cette condition n’est pas toujours présente à la naissance, mais résulte plutôt d’un développement anormal de l’articulation de la hanche dans les premiers mois de vie.
Anatomie et mécanisme de la hanche
L’articulation de la hanche est une articulation sphéroïde, formée par la tête du fémur (os de la cuisse) et l’acétabulum (cavité du bassin dans laquelle s’articule la tête fémorale). Normalement, la tête fémorale s’ajuste parfaitement dans l’acétabulum pour permettre des mouvements fluides et sans douleur. Dans la dislocation congénitale de la hanche, l’acétabulum est soit trop peu profond, soit mal formé, ce qui empêche une articulation correcte avec la tête fémorale. Cela peut conduire à une luxation partielle ou totale de la hanche, souvent observée dans les premières semaines de vie.
Causes et facteurs de risque
Les causes exactes de la dislocation congénitale de la hanche ne sont pas entièrement comprises, mais plusieurs facteurs peuvent contribuer à son développement :
- Facteurs génétiques : La prédisposition familiale joue un rôle important. Si un membre de la famille a eu une dislocation congénitale de la hanche, le risque est plus élevé pour les autres enfants.
- Position fœtale : Une position anormale du fœtus dans l’utérus, comme une présentation en siège, augmente les risques de dislocation de la hanche. Le manque de place dans l’utérus peut limiter le mouvement des jambes et empêcher un développement normal de la hanche.
- Sexe : Les filles sont plus susceptibles de développer une DCH que les garçons, avec un ratio de 6 filles pour 1 garçon.
- Facteurs hormonaux : Les hormones de la grossesse, en particulier la relaxine, peuvent avoir un effet sur les ligaments de la hanche, en les rendant plus souples, ce qui peut contribuer à la luxation.
- Autres facteurs environnementaux : Les bébés nés de manière prématurée ou ceux qui ont un poids à la naissance plus faible peuvent être plus vulnérables à cette condition.
Symptômes et signes cliniques
La détection précoce de la dislocation congénitale de la hanche est cruciale pour un traitement efficace. Les symptômes de la DCH chez les nourrissons ne sont pas toujours évidents à un stade précoce. En général, les signes peuvent inclure :
- Asymétrie des plis de la peau : Une différence dans la position des plis de la peau autour des fesses ou de la cuisse peut être un signe indicatif d’une DCH.
- Limitation des mouvements de la hanche : Un bébé avec une hanche disloquée peut montrer une amplitude de mouvement limitée, en particulier lorsqu’on essaie d’écarter les jambes.
- Légère boiterie ou démarche anormale : En grandissant, l’enfant peut présenter une démarche anormale ou une boiterie.
- Douleur : Bien que la douleur ne soit généralement pas présente chez les nourrissons, elle peut apparaître à mesure que l’enfant grandit et que l’articulation devient plus instable.
Diagnostic
Le diagnostic de la dislocation congénitale de la hanche repose principalement sur des examens cliniques et des imageries médicales. Lors de l’examen physique, le pédiatre recherche les signes cliniques mentionnés ci-dessus. Les tests les plus couramment utilisés pour confirmer une DCH sont :
- Test de Barlow et Test d’Ortolani : Ces manœuvres simples et non invasives sont pratiquées chez les nourrissons pour détecter une luxation de la hanche. Le test d’Ortolani consiste à appuyer sur la cuisse pour réduire une hanche disloquée, tandis que le test de Barlow évalue la possibilité de luxation en exerçant une pression sur la cuisse.
- Échographie de la hanche : L’échographie est un outil essentiel pour examiner les articulations des hanches des nourrissons, en particulier chez les enfants âgés de moins de 6 mois, lorsque les os sont encore cartilagineux et ne sont pas visibles sur les radiographies.
- Radiographies : À partir de 6 mois, une radiographie peut être réalisée pour observer la position de la tête fémorale par rapport à l’acétabulum et évaluer la gravité de la luxation.
Traitement de la dislocation congénitale de la hanche
Le traitement de la DCH dépend de l’âge de l’enfant au moment du diagnostic et de la gravité de la dislocation. Une prise en charge précoce permet de meilleures chances de succès sans intervention chirurgicale invasive.
Traitement non chirurgical
Chez les nourrissons de moins de 6 mois, la dislocation congénitale de la hanche peut souvent être corrigée par des méthodes non chirurgicales. L’approche la plus courante est l’utilisation du harnais de Pavlik, un dispositif qui maintient les hanches dans une position correcte pour permettre un développement normal de l’articulation. Ce harnais permet de positionner les jambes du bébé de manière à réduire la luxation et à favoriser la réintégration de la tête fémorale dans l’acétabulum. Le harnais doit être porté en permanence, sauf pour le bain, et il est généralement efficace lorsqu’il est utilisé tôt, souvent avant 6 mois.
Traitement chirurgical
Si le harnais de Pavlik n’est pas efficace, ou si la dislocation est détectée trop tardivement, une intervention chirurgicale peut être nécessaire. Les options chirurgicales incluent :
- Réduction fermée : Cela implique la manipulation de l’articulation sous anesthésie pour repositionner la tête fémorale dans l’acétabulum. Cette procédure est suivie d’une immobilisation temporaire de la hanche.
- Réduction ouverte et ostéotomie : Si la réduction fermée échoue, une chirurgie plus invasive peut être réalisée. Elle consiste à ouvrir l’articulation pour repositionner les os et peut nécessiter la coupe (ostéotomie) de l’os pelvien ou du fémur pour permettre une meilleure stabilisation de la hanche.
Suivi et rééducation
Le suivi à long terme est essentiel pour garantir la réussite du traitement et éviter les complications futures. Cela implique des radiographies régulières et des consultations orthopédiques pour évaluer l’évolution de la hanche. Dans certains cas, des exercices de rééducation peuvent être recommandés pour améliorer la mobilité et la force musculaire autour de l’articulation de la hanche.
Complications possibles
Si la dislocation congénitale de la hanche n’est pas traitée correctement, elle peut entraîner plusieurs complications graves, dont :
- Arthrose précoce : Le mauvais alignement de l’articulation peut causer une usure prématurée du cartilage, entraînant de l’arthrose de la hanche, souvent avant l’âge de 40 ans.
- Boiterie : La dislocation peut provoquer une démarche anormale ou une boiterie, qui peut devenir permanente si elle n’est pas corrigée.
- Inégalité de longueur des jambes : Si la tête fémorale ne se positionne pas correctement, une différence de longueur des jambes peut se développer.
Conclusion
La dislocation congénitale de la hanche est un trouble potentiellement grave qui nécessite une détection et un traitement précoces pour prévenir les complications à long terme. Grâce à une prise en charge moderne et appropriée, la plupart des enfants atteints de DCH peuvent mener une vie normale et éviter les effets secondaires graves. La surveillance médicale régulière et la prise en charge précoce sont cruciales pour optimiser les résultats et assurer un développement normal de la hanche.