Dacia 1320 1988-1991 : Une tentative de modernisation sous l’ombre de la Renault 12
La Dacia 1320, produite entre 1988 et 1991, marque une étape importante dans l’histoire automobile de la Roumanie, offrant un exemple unique d’adaptation de la plateforme de la Renault 12 pour répondre aux exigences de l’époque. Si ce modèle semble familier, c’est parce qu’il partage de nombreux éléments avec la Renault 12, mais il est également marqué par les influences politiques et économiques de la période, en particulier celles liées au régime de Nicolae Ceaușescu.
Contexte historique et conception
Le contexte de la Dacia 1320 commence avec une série limitée, la Dacia 2000, issue du modèle Renault 20, qui était réservé exclusivement aux membres de haut rang du Parti communiste roumain. Ce modèle a suscité l’intérêt de Ceaușescu, qui, impressionné par son design, ordonna à Dacia de concevoir un véhicule similaire, mais qui serait accessible au grand public. Ce fut ainsi que naquit la Dacia 1320, qui, sous ses airs modernes, repose néanmoins sur une plateforme qui remontait déjà à plusieurs décennies.
La 1320 se déclina en deux versions, appelées localement CN1 et CN2, qui se différenciaient par certains détails techniques et stylistiques. Mais, dans l’ensemble, ces deux variantes partageaient une base commune et un design qui, bien qu’évolué par rapport à ses prédécesseurs, restait ancré dans les traditions de la marque.
Design extérieur
L’un des aspects les plus frappants de la Dacia 1320 était son design extérieur, qui se distinguait par un travail de refonte de la carrosserie de la Renault 12. Le modèle adopta une forme plus moderne tout en conservant les caractéristiques de la Renault 12. Le résultat final se présentait sous la forme d’une voiture compacte, avec des lignes plus nettes et une silhouette un peu plus anguleuse.
À l’avant, la 1320 affichait une calandre en plastique, dotée de barres horizontales, et des phares carrés qui lui donnaient un air plus affirmé. La protection en plastique noir entourant le pare-chocs, associée à un petit bas de caisse, apportait à la voiture une robustesse visible. Un détail notable était l’absence d’essuie-glace arrière, un choix qui témoignait des standards de l’époque, où ce type de détail n’était pas encore systématique sur tous les véhicules. De plus, les poignées de porte et les rétroviseurs étaient peints dans la même couleur que la carrosserie, ce qui renforçait l’aspect uniforme et soigné du design extérieur.
À l’arrière, la Dacia 1320 bénéficiait d’un hayon plus large que celui de la Renault 12, offrant un accès facile au coffre, avec une capacité de 328 litres, une taille respectable pour l’époque. Les feux arrière provenaient directement de la Dacia 1310, mais ils étaient légèrement modifiés pour s’adapter à la nouvelle silhouette de la voiture.
L’intérieur : une évolution modeste mais perceptible
L’intérieur de la Dacia 1320 fut un véritable saut en avant par rapport aux modèles précédents de la marque. Bien que la qualité de finition restât fidèle aux standards de l’époque, l’ergonomie et les équipements étaient nettement améliorés. Le tableau de bord, plus moderne, comportait un nouveau panneau central, plus grand, avec une colonne centrale rehaussée. L’instrumentation comportait plusieurs éléments techniques tels que des jauges de pression d’huile, de température d’huile, de charge de la batterie, mais aussi des instruments classiques tels que le compteur de vitesse, le compte-tours, la jauge de carburant et la température du moteur.
Le volant était simple, sans grand raffinement, mais suffisamment fonctionnel pour l’époque. La place arrière, pour sa part, offrait une banquette qui se pliait en une seule pièce, mais sans aucune possibilité d’ajustement pour l’inclinaison. Les sièges étaient simples, mais agréables pour de longs trajets, et la capacité à transporter des objets plus volumineux était un atout supplémentaire de cette voiture. Un autre détail à signaler était l’absence de fenêtres électriques et de rétroviseurs électriques, des équipements qui ne faisaient pas partie de l’offre standard à cette époque.
Moteur et performance
Sous le capot, la Dacia 1320 conservait un moteur peu puissant mais robuste, dérivé du moteur Renault 1.3L. Ce moteur de 1,3 litre était en réalité une version légèrement révisée du moteur de la Renault 12, utilisant un carburateur et des soupapes en tête. Il produisait 54 chevaux à 5 250 tr/min et un couple de 88 Nm à 3 000 tr/min. Avec un moteur aussi modeste, la Dacia 1320 n’était pas conçue pour les performances exceptionnelles, mais elle offrait une conduite décente et fiable pour les standards de l’époque.
La Dacia 1320 était équipée d’une boîte de vitesses manuelle à 5 rapports, et la traction était assurée par les roues avant, une configuration classique pour l’époque. Le véhicule atteignait une vitesse de pointe de 140 km/h, ce qui était suffisant pour les trajets sur autoroute. En revanche, son accélération de 0 à 100 km/h en 18,6 secondes laissait à désirer par rapport aux standards modernes.
Côté suspension, la 1320 adopte des barres stabilisatrices à l’avant et à l’arrière pour améliorer la tenue de route. Cependant, la suspension semi-indépendante à l’arrière ne permettait pas de rivaliser avec des modèles plus modernes en matière de confort et de stabilité.
Performances économiques et consommation de carburant
En termes de consommation de carburant, la Dacia 1320 se plaçait dans la moyenne des véhicules de cette époque. Elle était capable de parcourir 100 km avec environ 8,4 litres de carburant, ce qui correspondait à une consommation combinée de 28 mpg US (soit environ 8,4 L/100 km). Un autre aspect notable était son aérodynamisme, avec un coefficient de traînée de 0,4, ce qui, combiné à son moteur modeste, permettait de limiter les dépenses en carburant.
La Dacia 1320 était donc une voiture relativement économique, tant en termes de consommation de carburant que d’entretien. Cependant, son confort et sa conduite étaient loin d’atteindre les standards modernes, et sa performance sur des routes sinueuses ou difficiles était également limitée.
Conclusion : Un modèle qui incarne une époque
La Dacia 1320, bien que peu remarquée en dehors de la Roumanie, reste un modèle emblématique de l’automobile roumaine des années 1980 et 1990. Il symbolise un moment particulier de l’histoire de la Roumanie, où les ingénieurs tentaient d’apporter un peu de modernité à un modèle vieillissant tout en restant dans le cadre strict des ressources limitées et des attentes modestes de l’époque.
Le véhicule n’a pas laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de l’automobile, mais il a permis à Dacia de continuer à offrir des voitures accessibles et fiables à une population qui avait encore besoin de solutions de mobilité simples mais fonctionnelles. La Dacia 1320 était avant tout un produit de son époque : une tentative de modernisation dans un environnement politique et économique contraignant.
