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Crise des relations publiques

Les relations publiques (P.R.), un terme qui, à première vue, semble clair et bien défini, est souvent au cœur d’une polémique lorsqu’il s’agit de son usage en contexte de crise. En effet, le terme « relations publiques » s’est transformé au fil des décennies pour inclure des connotations parfois négatives, particulièrement lorsqu’il est associé à la gestion de crises. Que signifie réellement le terme « P.R. » dans un tel contexte ? Est-il légitime de parler d’une « crise » du terme lui-même ? Cet article explorera l’évolution du concept de relations publiques, l’impact de son usage en situation de crise, ainsi que les débats contemporains autour de la pertinence et de l’éthique de ce domaine.

Histoire et origine des relations publiques

Les relations publiques, telles que nous les connaissons aujourd’hui, trouvent leur origine au début du XXe siècle. Edward Bernays, souvent considéré comme le père des relations publiques modernes, a défini cette pratique comme l’art de convaincre le public et de modeler l’opinion. À ses débuts, l’objectif des relations publiques était simple : améliorer l’image d’une organisation ou d’une personnalité publique en influençant l’opinion à travers les médias et d’autres canaux de communication.

L’usage du terme « relations publiques » a évolué pour inclure des stratégies plus sophistiquées, notamment la communication de crise, la gestion de la réputation et la construction d’une image positive à long terme. Cependant, avec cette complexité accrue est apparue une perception plus cynique de la pratique. Le terme a commencé à être associé à des tactiques manipulatrices, voire trompeuses, visant à dissimuler des vérités ou à maquiller des comportements éthiquement discutables. C’est ici que naît la « crise » du terme « P.R. », une situation où la perception publique du rôle des relations publiques devient floue et parfois méfiante.

Relations publiques et gestion de crise : une question d’image ?

L’une des fonctions clés des relations publiques est la gestion des crises. Lorsque des entreprises ou des personnalités publiques sont confrontées à des scandales, des controverses ou des événements susceptibles de nuire à leur réputation, les professionnels des relations publiques sont chargés de minimiser les dommages et de restaurer la confiance. Parfois, cela implique de gérer l’opinion publique par des déclarations, des excuses publiques ou même des changements d’image drastiques.

Toutefois, c’est précisément dans ce rôle que le terme « P.R. » se voit le plus souvent attaqué. Dans l’imaginaire collectif, les relations publiques en période de crise sont perçues comme un exercice de manipulation. Les critiques accusent certains professionnels d’utiliser des tactiques qui déforment la réalité pour sauver des organisations ou des individus en difficulté, souvent au détriment de la transparence et de la responsabilité.

Prenons par exemple des cas emblématiques de crises, telles que celles qui ont touché des grandes entreprises comme Volkswagen lors du scandale des émissions truquées ou BP lors de la catastrophe de Deepwater Horizon. Dans ces situations, les stratégies de relations publiques utilisées pour gérer la crise ont souvent été perçues comme des tentatives de minimiser les responsabilités et de détourner l’attention des fautes commises. Le public se méfie alors des efforts de communication, les voyant davantage comme un moyen de préserver l’image de l’organisation plutôt que de résoudre les problèmes sous-jacents.

Une « crise » du terme P.R. : perception négative et éthique

Il est indéniable que le terme « relations publiques » est parfois synonyme de manipulation pour certains, ce qui alimente la perception négative de la profession. L’expression « ce n’est que du P.R. » est souvent utilisée pour désigner des tentatives superficielles et hypocrites de redorer une image, sans changements réels en profondeur. Cette connotation négative s’est accentuée avec l’ère numérique, où le flux constant d’informations rend plus difficile la gestion des crises et où les publics sont devenus plus critiques et plus informés.

L’une des sources majeures de cette perception négative réside dans le fait que les relations publiques sont souvent perçues comme un écran entre la réalité des faits et le public. Dans certains cas, cela est amplifié par des campagnes de désinformation ou d’omission partielle de la vérité, qui finissent par éroder la confiance envers l’entité concernée.

Les relations publiques sont donc confrontées à une véritable crise d’éthique. Jusqu’où un professionnel des relations publiques peut-il aller pour protéger son client ? Quels sont les compromis nécessaires entre la vérité, la transparence et la préservation de la réputation ? Ces questions deviennent particulièrement pertinentes lorsque l’on examine les relations publiques sous l’angle de la responsabilité sociale.

L’évolution des relations publiques face à la transparence et à l’éthique

Malgré ces critiques, il est essentiel de noter que les relations publiques modernes ont également évolué pour devenir un domaine davantage axé sur la transparence et l’éthique. La communication de crise, autrefois perçue uniquement comme une manière de « couper court aux scandales », tend aujourd’hui à privilégier une approche plus responsable, où l’accent est mis sur la résolution des problèmes, l’engagement réel envers les parties prenantes et la reddition de comptes.

Des exemples récents montrent une évolution vers des pratiques plus éthiques, où la communication devient un outil de dialogue et de réparation plutôt que de simple dissimulation. Certaines entreprises choisissent aujourd’hui de s’engager dans des dialogues ouverts avec leurs publics, de reconnaître leurs erreurs de manière proactive et de s’engager à corriger leurs fautes. Ce type d’approche, basé sur la responsabilité et l’honnêteté, contribue à améliorer la perception des relations publiques.

Un autre facteur crucial dans ce changement est l’essor des médias sociaux, qui ont fondamentalement modifié la dynamique de la communication de crise. Les crises se déroulent désormais en temps réel, sous le regard immédiat du public. Cela rend plus difficile la manipulation de l’information, car les faits peuvent être vérifiés rapidement par un grand nombre d’utilisateurs. Par conséquent, les stratégies de relations publiques qui s’appuient uniquement sur des discours bien ficelés ne suffisent plus à apaiser le public ; la sincérité et l’action concrète sont devenues des impératifs.

Le terme « P.R. » : une réhabilitation en cours ?

Malgré cette évolution positive, la perception du terme « relations publiques » reste encore fragile. L’image des relations publiques a été ternie par des décennies de pratiques controversées, mais des efforts sont en cours pour réhabiliter cette profession. Des initiatives de normalisation et des cadres déontologiques sont mis en place pour guider les professionnels vers des pratiques plus responsables et plus transparentes.

Aujourd’hui, plusieurs associations professionnelles, comme la Public Relations Society of America (PRSA) et l’International Association of Business Communicators (IABC), insistent sur la nécessité d’une éthique rigoureuse et d’un respect accru envers les parties prenantes. Ces organisations promeuvent une vision des relations publiques qui s’éloigne de la manipulation pour se rapprocher de la transparence et de la construction de relations de confiance à long terme.

Conclusion

Le terme « P.R. » a traversé une véritable crise de perception, en partie due à son association avec des pratiques jugées manipulatrices, en particulier dans le cadre de la gestion de crise. Toutefois, il serait réducteur de limiter les relations publiques à cette vision négative. La profession a évolué et continue de s’adapter à un monde de plus en plus connecté, où la transparence et l’éthique sont devenues des piliers fondamentaux de la communication.

Alors que les relations publiques naviguent dans un environnement de plus en plus exigeant, il est clair que la gestion de crise, lorsqu’elle est bien exécutée, peut devenir une opportunité de restaurer la confiance et de renforcer la réputation à long terme. Le véritable défi pour les professionnels des relations publiques reste donc de trouver un équilibre entre la gestion des perceptions immédiates et la création d’un dialogue honnête et responsable avec le public.

Ainsi, loin de disparaître, le terme « relations publiques » pourrait bien être en pleine réhabilitation, à condition que les pratiques qui en découlent continuent à évoluer vers plus de transparence, d’éthique et de respect des attentes sociales.

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