La capitale de la Palestine : Une question complexe et controversée
La question de la capitale de la Palestine est au cœur du conflit israélo-palestinien et représente un enjeu majeur dans les négociations de paix depuis des décennies. Alors que plusieurs nations et organisations internationales se sont prononcées sur la question, la situation demeure floue et marquée par de multiples défis politiques, diplomatiques et géopolitiques. Cet article explore la problématique de la capitale de la Palestine, en prenant en compte les perspectives historiques, géopolitiques, les enjeux actuels et les implications pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient.
1. Contexte historique et les premières revendications
La question de la capitale de la Palestine remonte au début du XXe siècle, au moment où la région était sous domination de l’Empire ottoman. Après la Première Guerre mondiale et la chute de l’Empire ottoman, la Palestine est placée sous mandat britannique par la Société des Nations en 1922. Durant cette période, les tensions entre les communautés juive et arabe de Palestine commencent à augmenter, particulièrement avec la montée du nationalisme sioniste et les aspirations de l’Empire britannique à un futur israélien dans la région.

En 1947, l’ONU propose un plan de partage qui divise la Palestine en deux États, un juif et un arabe, tout en accordant à Jérusalem un statut international spécial en raison de son importance religieuse pour plusieurs religions. Ce plan est rejeté par les pays arabes et les Palestiniens, et en 1948, la guerre israélo-arabe éclate après la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël.
Le conflit de 1948 conduit à la Nakba (la catastrophe), où des centaines de milliers de Palestiniens sont déplacés, et Jérusalem est divisée en deux, avec la partie ouest contrôlée par Israël et la partie est, y compris la Vieille Ville, sous administration jordanienne. Cela marque le début de la séparation géographique et politique entre les territoires israéliens et palestiniens.
2. La Guerre des Six Jours et l’occupation de Jérusalem-Est
La guerre des Six Jours en 1967 marque un tournant décisif dans l’histoire du conflit. Israël, qui se retrouve confronté à une coalition de pays arabes, remporte une victoire éclatante et occupe Jérusalem-Est, la Cisjordanie, Gaza, le Sinaï et le Golan. Jérusalem est alors réunifiée sous contrôle israélien, mais les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur État, conformément aux résolutions des Nations Unies, notamment la résolution 242, qui demande le retrait israélien des territoires occupés.
La communauté internationale, à l’exception notable des États-Unis et de quelques alliés d’Israël, a largement refusé de reconnaître la souveraineté israélienne sur Jérusalem-Est, insistant sur le fait que la ville devait avoir un statut spécial en raison de son importance religieuse et historique pour les trois grandes religions monothéistes.
3. Les positions palestiniennes : Jérusalem-Est comme capitale
Depuis la guerre de 1967, les autorités palestiniennes ont constamment revendiqué Jérusalem-Est comme la capitale de la Palestine. L’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), fondée en 1964, a fait de cette demande un principe fondamental de sa politique. Lors de la déclaration d’indépendance de l’État de Palestine en 1988, l’OLP a proclamé Jérusalem-Est comme capitale de l’État de Palestine, une position soutenue par la majorité des pays du monde.
Le 29 novembre 2012, l’Assemblée générale des Nations Unies accorde à la Palestine le statut d’État non membre observateur, une reconnaissance importante mais sans pouvoir effectif. Jérusalem est également mentionnée dans la résolution de l’ONU comme capitale de la Palestine, bien que cette position ne soit pas acceptée par Israël.
4. La position israélienne : Jérusalem, capitale indivisible
Pour Israël, Jérusalem est la capitale « indivisible » de l’État juif. Cette revendication est fondée sur des arguments historiques et religieux, Israël considérant la ville comme le cœur de son identité nationale et religieuse. En 1967, après la conquête de Jérusalem-Est, Israël a annexé cette partie de la ville, et en 1980, la Knesset (parlement israélien) a adopté une loi déclarant Jérusalem capitale « uniquement » d’Israël. Cette décision n’a pas été reconnue par la communauté internationale, qui considère Jérusalem-Est comme un territoire occupé.
L’implantation de colonies israéliennes dans Jérusalem-Est et en Cisjordanie a exacerbé les tensions, rendant la perspective d’une solution à deux États de plus en plus difficile à atteindre. Les États-Unis, sous l’administration de Donald Trump, ont déplacé leur ambassade de Tel Aviv à Jérusalem en 2018, rompant ainsi avec des décennies de politique internationale qui soutenaient la position de l’ONU. Cette décision a provoqué des protestations et une recrudescence de violences entre Israéliens et Palestiniens.
5. Les initiatives de paix et l’impasse politique
Les tentatives de trouver une solution durable au conflit israélo-palestinien se sont multipliées au fil des années, mais aucune n’a permis de résoudre la question de la capitale. Les accords d’Oslo, signés en 1993, avaient prévu une autonomie palestinienne limitée et la possibilité de négocier le statut final de Jérusalem, mais ces négociations ont échoué à se concrétiser, en grande partie en raison des divergences sur le statut de Jérusalem et des violences récurrentes.
En 2000, le sommet de Camp David entre le président palestinien Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Ehud Barak a également échoué à trouver une solution, notamment à cause de la question de Jérusalem. Les attentats-suicides, les incursions militaires et l’extension des colonies israéliennes ont continué à compliquer les discussions.
6. Le rôle de la communauté internationale
La communauté internationale a joué un rôle clé dans la gestion de la question de Jérusalem et de la capitale de la Palestine. Depuis 1967, la majorité des pays, ainsi que l’ONU, considèrent Jérusalem-Est comme la capitale future d’un État palestinien, tout en soutenant la négociation d’un statut final pour la ville. La reconnaissance de l’État de Palestine, bien que symbolique dans de nombreux cas, continue de croître, et plusieurs pays ont ouvert des ambassades à Ramallah, capitale de facto de l’Autorité palestinienne.
Cependant, des pays comme les États-Unis, Israël et quelques autres pays soutiennent que Jérusalem doit être reconnue comme la capitale de l’État d’Israël et que son statut final doit être décidé par des négociations bilatérales. L’approche des États-Unis, particulièrement sous l’administration Trump, a renforcé la position israélienne en la matière, contribuant à un climat de méfiance et de polarisation.
7. Les perspectives d’avenir
La question de la capitale de la Palestine reste l’un des principaux obstacles à une solution à deux États. Bien que Jérusalem ait une signification particulière pour les Juifs, les Musulmans et les Chrétiens, la ville demeure un symbole du conflit. Une solution viable devrait non seulement répondre aux aspirations des Palestiniens à avoir Jérusalem-Est comme capitale de leur futur État, mais aussi garantir à Israël des garanties de sécurité et un accès à la ville.
Les discussions internationales devront impliquer toutes les parties prenantes, y compris les voisins arabes, les organisations internationales, et les populations locales, dans le but de trouver une solution pacifique. L’aspiration des Palestiniens à faire de Jérusalem-Est leur capitale est indiscutable, mais sa réalisation passe par une reconnaissance des droits de sécurité et de souveraineté d’Israël.
Conclusion
En fin de compte, la question de la capitale de la Palestine est intrinsèquement liée à celle de la paix et de la réconciliation au Moyen-Orient. Jérusalem, en tant que ville sainte et symbole de l’histoire, de la culture et des luttes des peuples concernés, continue de jouer un rôle central dans ce conflit. La solution à ce dilemme ne pourra être trouvée qu’à travers un dialogue constructif, la reconnaissance des droits légitimes des deux peuples et la volonté politique de parvenir à une coexistence pacifique.